• Ce jour-là était un jour comme les autres dans ce lycée générale. Les élèves s'ennuyaient en cours, les professeurs tentaient tant bien que mal à attirer leur attention et à les empêcher de faire n'importe quoi. Sauf dans une classe de première, qui avait un cours de français avec un certain Monsieur Torwell. Les élèves écoutaient avec attention, prenant soigneusement des notes. Enfin, surtout les jeunes filles, puisque les garçons luttaient contre eux-même pour ne pas s'endormir. Le professeur s'en est toujours amusé d'ailleurs, lorsqu'il vantait les mérites de ses élèves, surtout des adolescentes. Ces dernières buvaient les paroles de leur professeur -un petit jeune brun aux yeux bleus- et leurs notes grimpaient en flèche durant l'année.

    Sauf pour le cas d'une élève, qui elle conserve le même 12 de moyenne. Elle écoute d'une oreille distraite le cours, ne faisant pas tellement attention à ce qui est entrain de se passer. Elle est au fond de la classe alors que la plupart des filles sont devant, et attend patiemment que le temps passe. Non, en fait, cette jolie rouquine ne se contente pas d'attendre, elle est dans la lune, à vrai dire. L'adolescente, pense, rêve à autre chose. Elle s'imagine des petits scénarios rigolotes, même si elle rêve d'histoires d'amour le plus souvent...

    -Mademoiselle Beaulair, ce n'est pas parce que vous portez un nom qui ressemble beaucoup à celui d'un auteur célèbre du XIXème siècle que vous pouvez vous permettre de ne pas écouter en cours ! L'interpelle vivement le jeune professeur de français, la faisant ainsi sursauter.

    -Excusez moi. Bredouille-t-elle timidement, revenant ainsi à la réalité.

    -Soyez plus attentive ! Ajoute-t-il sévèrement, avant de reprendre son cours.

    La jeune fille baisse la tête, un peu honteuse d'être prise en faute de cette manière. Elle sait que le cours de français n'est pas le cours le plus idéal pour rêvasser, d'autant plus qu'il y a le baccalauréat à la fin de l'année et que le professeur ne laisse rien passer, mais c'est plus fort qu'elle. Elle éprouve comme un besoin de penser à autre chose, qu'à son triste quotidien sans importance.

    La sonnerie retentit, et tous les élèves se pressent à ranger leurs affaires, n'écoutant déjà plus le professeur. La jeune fille fait de même, et se dépêche de sortir, tout en baissant la tête pour ne pas que Torwell ne la remarque.

    -Mademoiselle Beaulair, venez un peu par ici. J'aimerai vous parler. L'interpelle ce dernier, d'un ton sec.

    L'adolescente fait donc demi-tour, tête basse, honteuse. Lorsque tous ses camarades sont sortis, le professeur se tourne vers elle.

    -Vous êtes de plus en plus distraite en cours, mademoiselle. Et je ne suis pas le seul à l'avoir constater. Mes collègues m'en ont fait part, que vous êtes dans la lune. Lui signale-t-il.

    -Je sais. Lui répond-t-elle d'une petite voix.

    -Quelque chose ne va pas ? Vous avez des problèmes ? L'interroge-t-il ensuite.

    -Non... Tout va bien...

    -Tant mieux... Mais si quelque chose ne va pas, n'hésitez pas à venir nous en parler. Nous sommes là pour aider les élèves en général, pour tout ce qui contribuera à leur réussite.

    -Oui, je sais.

    -Vous pouvez y aller, mais faites un effort de concentration. Conclut-il.

    -Je vais essayer... Au revoir Monsieur.

    -Au revoir Mademoiselle Beaulair.

    L'adolescente sort enfin de la salle devant le regard inquiet de son professeur, qui se demande ce qui peut bien se passer dans la petite tête rousse de son élève, qui était d'une grande attention en début d'année. Charlee traverse les couloirs à toute vitesse, sans pour autant courir, voulant sortir de ce lycée où elle a l'impression d'étouffer. Elle avance, très rapidement, et elle est maintenant à l'extérieur du bâtiment. Beaucoup d'adolescents sont encore devant, à discuter, fumer ou attendre quelqu'un. Elle ne fait pas attention à eux, puisqu'elle se fiche bien de leur personne. Ils n'ont rien d'intéressant qui pourrait l'interpeler. Mais alors qu'elle lève la tête, elle remarque au loin, un jeune homme un peu plus vieux qu'elle, un sourire bienveillant peint sur le visage, le vent faisant voler quelques unes de ses mèches blondes. Son visage juvénile s'illumine et elle se dépêche d'aller à sa rencontre. Elle se jette dans ses bras, heureuse de le revoir, cet homme qu'elle aime plus que tout. Un homme qui lui a beaucoup manqué depuis qu'il est parti. Un homme qui l'embrasse, puis la prend par la main, pour l'emmener autre part. Dans un lieu que lui seul connait, comme toujours, mais un endroit où la jeune fille va passer un merveilleux moment à ses côtés. Elle le sait. Puisque tout devient paradis lorsqu'elle est avec lui...

    Quelques heures plus tard, il est plus de vingt heures, Charlee rentre enfin chez elle. Une fois dans la maison, une forte odeur de tabac s'impose à elle, et la fait grimacer. Sa mère est assise sur le canapé, un verre de whisky dans la main gauche, et une cigarette dans la main droite. Une bien triste image que Charlee a l'habitude de voir quand elle revient d'une longue journée de cours.

    -Où étais-tu ? L'interroge d'une voix morne sa mère, dès qu'elle entend la porte d'entrée claquer.

    -Quelque part, tu ne connais pas.

    -Le lycée a appelé. Ton prof de français plus précisément. Il m'a demandé si tu avais des problèmes. Lui annonce-t-elle. Qu'as-tu fait encore Charlee ?

    -Rien.

    -Fous toi de ma gueule !! Vocifère l'alcoolique, tout en se levant pour faire face à sa progéniture. Je te préviens, ce con de prof appelle encore une fois, ça ira mal pour toi ! Il faudrait que tu bosses un peu, au lieu de faire n'importe quoi ! La vie est une chienne Charlee, il faut que tu l'imprimes si tu n'as pas envie de tout foirer !

    L'adolescente ne répond rien, et se contente de lancer un regard noir à sa génitrice. Sans un mot supplémentaire, elle monte les escaliers, doucement, pour ensuite aller dans sa chambre, et y rester pour le reste de la soirée.

    Elle s'allonge sur son lit, et regarde le plafond. Son esprit vagabonde, et elle s'imagine un monde où sa mère n'est pas elle, où tout va bien. Où tout est beau, où elle pourrait vivre avec son amour aux cheveux blonds. Elle n'a qu'une hâte : avoir dix-huit ans, et pouvoir ainsi partir d'ici, au bras de son ange. Un monde où elle serait heureuse tout le temps, où elle ne subirait plus aucune contrainte. Un monde rempli d'espoirs et de rêves....

    Elle ferme les yeux, et s'endort rapidement.

     

      

     

     


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  • Whataya want from me

    A Belderas, les gens avancent et se croisent sans cesse. Tout un tas d'individus, tous différents, et tous jouant un rôle...

    Parmi eux, il y a Carson Scott, un jeune homme qui ne prend pas la vie au sérieux. Il semble être l'homme qui a l'existence la plus tranquille qui soit. Mais si ce n'était pas vraiment le cas ?

    Dans ces personnes, il y a aussi Katryn Meteyer, jeune femme mariée à un jeune médecin titulaire, et à la tête d'une prestigieuse agence matrimoniale. En apparence, elle a tout pour être comblée. Mais est-elle vraiment heureuse ?

    Et enfin, il y a Curtis Midhow, qui cache son mal-être dans son rêve de devenir comédien. Peu de gens sont suffisament dupe, mais beaucoup se font avoir. Mais si seulement une seule personne pouvait tout changer ?

    Derrière toutes ses apparences, se cache un individu tout ce qu'il y a de plus dangereux. Et pourtant, personne ne se doute qu'il est là, quelque part...

    L'heure est venue de laisser tomber les masques...

     

    N'abandonne pas, je trouverai une solution,

    S'il te plait, ne cède pas, je ne te laisserai pas tomber !

    Cela me perturbe, j'ai besoin d'une minute pour respirer,

    Continue de me tourner autour...

    Hé, que veux-tu de moi ?

    Que veux-tu de moi ?   

    Whataya want from me

     

    Whataya want from me  


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  • Il parait qu'on voit sa vie défiler devant ses yeux au moment de rendre son dernier souffle. Ce qui permettrait à celui ou celle qui quitte le monde des vivants de se souvenir de son existence.

    Je n'y crois pas. De ma vie, je n'en ai aucune trace dans ma mémoire. J'ignore qui je suis, et ce que j'ai été avant d'être un simple esprit. Je me souviens juste de la douleur que j'ai ressenti, au moment où j'ai vu la voiture arriver à toute vitesse vers moi, de la sensation de la vie qui a quitté mon corps après que ma tête s'est violemment fracassée sur le sol.

    Qu'est-ce que je faisais là ? Que s'est-il passé exactement ?

    Je n'en ai pas la moindre idée.

    On pense aussi que les âmes vont dans un autre monde une fois qu'elles ont fini leur vie sur Terre, en suivant une lumière blanche. Cependant, je ne vois aucune lueur, et je ne vois pas comment je pourrais reposer en paix sans savoir qui j'étais. Je ne connais même pas mon nom.

    J'erre dans les rues, sans savoir quoi faire. Personne ne me voit, étant donné que je ne fais plus partie de ce monde.

    Que faire ?

    Il faut que je parte d'ici, que j'aille là où est ma place. Mais comment ? Je ne sais rien de moi, comment pourrai-je connaître le chemin ?

    Je me pose tellement de questions, dont j'aimerai trouver les réponses, ou ne serait-ce qu'un semblant...

      

      


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  • Et soudain, comme si quelqu'un a entendu mon souhait et a accepté de le réaliser, au détour d'une rue non loin du lieu de ma mort, je vois un homme, avancer doucement dans la rue. Il est grand, et il a une allure assez pathétique, tentant tant bien que mal d'avancer, tanguant dangereusement de droite à gauche, de gauche à droite. Son manteau abîmé, reprisé de multiple fois, sans aucun doute, ses mitaines qui le sont tout autant. Le reste de sa tenue vestimentaire me rappelle vaguement quelque chose, comme si je l'ai déjà vu quelque part. Je décide de le suivre. Qui sait, peut-être qu'inconsciemment, il pourra m'aider ? Après quelques minutes de marche, il s'arrête devant un hangar délabré, et à l'abandon. D'autres personnes sont là également, mais il les ignore en allant s'asseoir dans un coin sans leur adresser un mot. Il sort ensuite un paquet de cigarettes, ainsi qu'un briquet de sa poche, dans l'intention de fumer. Je ressens un sentiment de dégoût, qui me semble étrange étant donné ma situation. Sans doute que je ne supportais pas l'odeur de mon vivant … Un autre homme, à l'allure tout aussi misérable, s'approche et s'installe à côté de son ami. Du moins, je suppose que c'est le cas.

    -Hep Greg' ! Qu'est-ce que tu fous tout seul ? Lui demande-t-il.

    -Je fume, ça se voit pas ? Lui répond-t-il simplement, sans lui prêter une grande attention.

    Un silence s'installe entre eux ensuite. L'un fume, tandis que l'autre dont j'ignore le nom fixe le sol, cherchant sans doute ses mots, réfléchissant à un sujet de conversation ou le pourquoi de l'air maussade de son camarade.

    -Tu as des nouvelles de tes mômes ? L'interroge le fumeur.

    -J'ai vu mon frère aujourd'hui. Il m'a dit que ma fille a eu son bac mention bien ! Mais c'est seulement maintenant que je l'apprends, tu te rends compte ?

    Nouveau silence. L'ambiance est lourde entre les deux hommes. Chacun est perdu dans ses pensées, songeant à leurs proches, ou même à leur vie passée, avant qu'ils atterrissent ici, et deviennent ce qu'ils sont aujourd'hui. Au bout de quelques minutes, le père de famille laisse échapper un soupir de lassitude.

    -Tu as entendu parler de la gamine qui a été renversée ? Le questionne-t-il.

    -Ouais. J'étais là. Dit-il dans un haussement d'épaules.

    -Ah ? Les flics ont dû te poser des questions, non ?

    -Je me suis barré avant. Je n'ai rien vu de toute façon, la fille était déjà par terre quand je suis arrivé.

    Ils ne parlent plus, et moi, je comprends pourquoi ce Greg me disait quelque chose. Il était là au moment de ma mort. Mais quelque chose que je ne saurai décrire me dit qu'il est bien plus qu'un simple témoin de mon décès.

    -Et dire qu'elle avait quinze ans. Soupire le plus bavard des deux hommes. C'est jeune pour mourir.

    -C'est la vie. On ne peut rien y faire.

    -C'est triste, je n'ose même pas imaginer le chagrin de ses parents.

    -Ouais.

    Plus un mot n'est prononcé, et seul le bruit du vent contre les vitres du hangar et le crépitement des flammes du feu de fortune non loin empêche le silence de s'installer. Greg continue de fumer sa cigarette, ignorant simplement son comparse, tandis que ce dernier a le regard perdu dans le vague. Il ouvre de temps à autre la bouche, comme s'il voulait dire quelque chose, mais il finit toujours par la refermer, ne trouvant peut-être pas les mots, ou par manque de courage de dire le fond de sa pensée. Il finit par se lever, sans qu'aucun son ne perce le barrage de ses lèvres, et s'éloigne vers un groupe de personnes, laissant son ami dans sa solitude. Celui-ci ne réagit pas, d'ailleurs, à ce départ, comme si ça lui est égal. Et soudain, des larmes commencent à couler de ses yeux verts. Doucement, tout d'abord. Puis ensuite, il jette sa cigarette à peine entamée au loin, le plus loin possible, et là, il éclate franchement en sanglot, la tête entre ses mains. J'ignore pourquoi, mais j'ai de la peine pour lui. Je me mets à imaginer tout un tas de scénari, le plus plausible étant celui où ma mort lui en rappelle une autre qui l'a beaucoup marqué. Parce qu'il ne me connaissait pas, la fin de ma vie ne peut donc pas le toucher plus que ça. Je m'approche de lui, de cet inconnu. J'aimerai le consoler, lui dire que tout va bien, que tout va s'arranger, même si je ne sais pas pourquoi il pleure. Mais je ne peux pas. J'assiste impuissante à la scène. Je lève la tête vers les autres sans abris, mais aucun d'entre eux ne fait attention à lui, pas même son ami. Peut-être veulent-ils respecter sa peine, son chagrin, en le laissant seul ? Ou peut-être que Greg ne veut pas de leur aide, et qu'ils savent qu'il les enverra balader s'ils s'approchent ? Je n'en sais rien, et je n'aurais jamais la réponse.

    Je m'éloigne de lui, ne supportant plus son désarroi. Je recule, les abandonnant, ces vivants malchanceux. Je sors en courant du hangar, ne voulant plus voir cette misère.

      

      


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  • Je marche doucement dans la rue. J'ai tout mon temps. Les gens ne font pas attention à moi, puisqu'ils ne me voient pas, et ne me verront jamais. Je ne sais pas où aller pour tenter d'obtenir des réponses. Au fond, je sais que Greg ne pourra pas m'en apprendre davantage. Il sait juste que j'ai quinze ans. Mais connaître l'âge que j'avais ne m'apporte pas grand chose. Cela ne me dit pas qui j'étais.

    Je vais dans un parc, qui est magnifique d'ailleurs. Je m'assois sur un banc, même si je n'en ressens pas le besoin. Je regarde les gens qui se promènent, les parents qui jouent avec leurs enfants. Je me demande qui étaient d'ailleurs, mes parents. Ceux grâce à qui j'ai connu la vie avant qu'elle ne me soit arrachée. Oui, je me demande qui ils sont. Peut-être le saurai-je un jour, peut-être pas.

    Mon attention se porte soudain sur une femme. Ses cheveux sont mal attachés, quelques mèches lui retombant sur le visage, elle est encombrée de quelques pochettes remplies de feuilles dont quelques unes s'en échappent, et d'un sandwich dont elle avale quelques bouchées quand ses feuilles ne prennent pas la poudre d'escampette. Elle s'installe sur un banc, non loin d'une splendide fontaine dont l'eau qui s'écoule scintille aux rayons du soleil. Elle pose ses dossiers à côté d'elle et se dépêche de manger ce qui lui sert de déjeuner. Un homme arrive derrière elle, et il ne la quitte pas des yeux. Il s'approche à pas de loup, pour ne pas se faire remarquer.

     -Devine qui c'est ! S'écrie-t-il en lui masquant les yeux avec ses mains. Prise par surprise, elle lâche son rapide repas sur ses genoux en poussant un petit cri. Il rit, fier de sa farce, tandis qu'elle râle en constatant sur son pantalon une petite tâche de mayonnaise.

    -Abruti !! Je retourne travailler après ! Je vais avoir l'air fin !

    -Calme ! Ce n'est pas un drame non plus ! S'exclame-t-il, en riant joyeusement.

    -Dixit celui qui bosse à son compte dans la poussière !! Râle-t-elle.

    -Attends, je vais t'aider. Lui dit-il, tout en sortant un mouchoir de sa poche pour enlever le plus gros de la tâche.

     Elle ne lui répond rien, et se laisse faire, bien que l'agacement est visible dans ses gestes et sur son visage. Elle soupire, lasse, et l'homme lève la tête vers elle, inquiet. Ils sont tous les deux jeunes, et ils doivent avoir approximativement le même âge, ce qui explique qu'ils sont certainement très proches.

     -Pardon pour ton pantalon. S'excuse-t-il finalement, l'air penaud.

    -Ce n'est rien... Je sais que tu te réfugies dans l'humour, les blagues pourries quand...

     Elle ne continue pas sa phrase, la laissant en suspens. Pourtant, son ami comprend parfaitement la suite, et son visage s'assombrit. Le sourire qu'il affichait, disparaît aussi rapidement qu'il est venu. Il baisse la tête, attristé.

     -Je suis désolée.

    -Ce n'est pas de ta faute. Souffle-t-il.

    -Comment va Tiphanie ?

    -Comment veux-tu qu'elle aille. Hausse-t-il les épaules. Elle est persuadée que c'est de sa faute. Ce n'est pas le cas, pourtant elle ne cesse de l'affirmer.

     Il ne dit plus rien, et elle ne répond rien non plus. La jeune femme pose son sandwich et passe son bras autour des épaules de son ami, qui est abattu.

     -Cela fait une semaine... Pourtant je n'arrive pas à m'enlever l'image de son visage sans vie de ma tête ! Je la revois encore pédaler à toute vitesse sur son vélo tandis que je lui courrais après. Je revoies la voiture la percuter. Je la revoies par terre... étaler par terre... Sans vie... Morte... Elle qui était si pleine de vie...

    -Je sais que tu étais proche d'elle... Mais elle n'aurait pas aimer que toi, ainsi que sa famille soyez tristes...

    -Elle avait quinze ans, tu te rends compte ? Dire qu'elle avait encore plein de choses à découvrir... C'est trop jeune...

    -Je sais Mick', je sais.

     Ils ne disent plus rien. Lui, ne désire que se réfugier dans ses souvenirs avec cette adolescente partie trop tôt, elle, respecte son silence. Que peut-elle faire de toute façon ?

     -Je... Je dois retourner travailler...

    -D'accord... Je... Je vais y aller aussi...

     Ils restent encore quelques minutes sur le banc, sans faire un quelconque geste. Rien faire, juste se remémorer des moments passés, qui ne pourront être renouveler avec la jeune disparue. Le silence devient de plus en plus pesant, mais aucune des deux personnes ne semblent vouloir changer cela, comme si c'est dans l'ordre des choses. La jeune femme se tourne vers son ami, un air compatissant sur le visage. Elle a de la peine pour lui, pour cette fille qui n'est plus et qu'elle ne connaissait que par le biais du prénommé Mick'. Et pourtant, aujourd'hui, maintenant qu'elle n'est plus là, elle aurait aimé la connaître, cette adolescente apparemment pleine de vie. Elle n'ose pas imaginer la peine des parents, des proches de la malheureuse victime. Elle laisse un soupir s'échapper de ses lèvres, et pose sa main gauche sur l'épaule de son ami. Il regarde cette main, mais ne dit rien. Non, il n'a pas envie de parler. Que dire de toute façon. Rien ne sert de discuter. Aucun mot ne pourra remplacer ce qui a été perdu. Seul le bruissement des feuilles, le chant des oiseaux perturbent le silence des deux amis, ou bien lui donne un caractère plus paisible. Mick' fixe un point invisible devant lui, sans vraiment le regarder. Aujourd'hui encore, il a du mal à croire en sa disparition. Cependant, il espère de tout son coeur qu'elle trouve la paix, et qu'elle est heureuse, où qu'elle soit.

     -Je dois y aller. Tiphanie a besoin de moi. Murmure-t-il.

     Il se lève sans attendre de réponse. Il ne veut pas entendre un nouveau " je suis désolée" , il ne pourra pas le supporter. Il s'en va, les mains dans les poches, la tête baissée, la tristesse peint sur le visage. Son amie, quant à elle, reste sur le banc, le regardant partir. Elle a de la peine pour lui, et le voir aussi chagriné lui fait mal. Cette jeune femme n'a jamais supporté que ceux qu'elle aime soient tristes. Elle regarde sa montre, lasse, et fait les yeux ronds de surprise. Un juron s'échappe, elle se lève à son tour et part en courant.

    Cette scène m'a paru durer une éternité, tellement elle me faisait mal. J'avais envie de leur hurler que je suis là, devant eux, que je vais bien, mais que l'ignorance de mon identité m'empêche de trouver la paix. Mais, ils ne m'auraient pas entendu. Ils ne peuvent pas me voir, ni cette femme, ni Mickaël. J'ai envie de le suivre, mais quelque chose me dit que si je le fais, je ne verrai que du chagrin, et je ne peux le supporter.

    Je me lève, et je me balade dans le parc. Les gens partent, petit à petit, laissant un parc désert. Vide. Les oiseaux ne chantent plus. Le vent cesse de souffler. Comme si tout était mort. Je reste au milieu d'un chemin et regarde le décor autour de moi. Il n'y a rien, à part des arbres, des bancs, de la terre, de l'herbe, des fleurs, une fontaine. Mais sinon, il n'y a rien. Juste ça, et le silence. Je me sens seule. J'aimerai aller autre part, et pouvoir parler à des gens, et ne plus être seule. Suis-je condamnée à l'éternelle solitude ? Mais qu'ai-je fait alors pour mériter cela ? Je l'ignore, mais je voudrais le savoir. Pour avoir une idée de là où je dois aller.

     


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