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    Courir.... Il fallait qu'elle continue, mais elle n'en pouvait plus. Cela devenait au-dessus de ses forces. Ses genoux flanchèrent. Elle tomba au sol, juste en face d'un étang. Désespérée, Katryn fut incapable de se relever. A genoux sur l'herbe, elle tenta de garder ses esprits, de ne pas sombrer dans la folie du chagrin et du profond sentiment d'injustice. Sa tête lui faisait mal, sa tête lui tournait. Sa vue se brouilla. Les larmes se déversèrent sur ses joues sans qu'elle ne puisse les contenir. Un trou béant dans sa poitrine se formait, sans que rien ne puisse l'en empêcher. Elle se recroquevilla sur elle-même, pleurant à chaudes larmes la sœur qu'elle s'était promis de protéger mais qui s'en était allée ailleurs.  

    La vie était décidément une cruelle mascarade, bonne qu'à enfoncer de profonds coups de poignards dans le dos, dans le coeur et dans l'âme. 

    -Katryn ?! S'étonna brusquement une voix venue d'ailleurs, tandis qu'une main la prit par le bras pour la forcer à se lever. 

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    Telle une marionnette, insensible au monde qui l'entoure, Katryn se laissa faire. Sourde à son environnement, elle ne reconnut pas la voix de son interlocuteur qui tentait d'attirer son attention. La tête baissée, Katryn ne comprenait pas ce qui se passait. La voix insista, encore et encore, ramenant dans le monde réelle la jeune femme, qui se résigna à se tenir droite. Elle reconnut sans trop de peine son nouvel assistant, Carson, qui la regardait avec curiosité, même si elle parvenait à percevoir de l'inquiétude dans ses yeux verts. 

    -Carson ? Qu'est-ce que vous faites ici ? L'interrogea-t-elle avec une voix cassée, mal assurée, peu convaincante. En vérité, elle se fichait bien du fait que leur route venait de se croiser. 

    -On est à côté de l'agence, j'allais retourner bosser pour l'ouverture de cette après-midi. L'informa-t-il en fronçant les sourcils. Katryn, que se passe-t-il ? 

    -Ma sœur est... Ma sœur est ... Bredouilla-t-elle, les mots refusant de franchir le barrage de ses lèvres. 

    Dire la réalité à voix haute ne ferait que la rendre encore plus réelle. La dire à voix haute serait comme l'accepter comme fait avérée, inéluctable, définitivement irréversible. 

    Le confort du déni ne serait plus possible. 

    Elle ne pourrait plus reculer pour finalement mieux sauter plus tard ... 

     

     

     

     


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