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    Les choses ont bien changé depuis ..Songea tristement Eleonore dont les larmes commençaient à couler doucement sur ses joues. Les souvenirs ne cessaient d'affluer dans sa mémoire et la nostalgie de cette époque devait de plus en plus douloureuse. 

    Cette époque, c'était les débuts. Les prémices d'une belle aventure. D'une belle histoire.

    Elle se souvenait de Carson qui tentait de lui faire maladroitement la conversation, avant qu'elle ne se déroule naturellement. Ils observaient le paysage, et ils discutaient de tout et de rien. Ils se racontaient leur vie, discutaient comme s'ils se connaissaient depuis toujours, avec une certaine réserve en plus. Lui, parce qu'il voulait se montrer sous son meilleur jour, comprenant que même si leurs pères étaient riches, eux n'étaient pas du même monde. Elle, à cause de son éducation qui entrait en totale contradiction avec ce qui était en train de se passer. Carson finit par dire qu'il mourrait d'ennui à cette soirée, et qu'il aurait préféré rester chez lui ou avec ses amis. Elle lui confia qu'elle aussi, préférait être ailleurs, dans le confort de sa chambre et un Jane Austen entre les mains. Il lui demanda honteusement qui était Jane Austen. Plutôt que de s'offusquer de son inculture, elle éclata de rire. Gentiment. Doucement. Naturellement. Et leur discussion repartit de plus belle.   

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    -Tu sais, je tiens beaucoup à toi. Lui avouait alors Carson, un peu intimidé, lui qui d'habitude était si à l'aise avec les filles. Mais sans ne sache vraiment pourquoi, il avait envie de confier ses sentiments à cette demoiselle venue d'un autre monde. Chose qu'il n'avait pas l'habitude de faire, par contre. 

    -Moi aussi, je tiens à toi. Lui répondait-elle avec un doux sourire, magnifiée par le clair de lune. 

    Et soudainement, naturellement, il la prenait dans ses bras, avec beaucoup de douceur. Ce qui ne manquait pas de surprendre la demoiselle. Elle sursautait, mettant ensuite quelques secondes avant de se détendre et se laisser aller dans ses bras. Une étreinte qui la faisait aussitôt se sentir bien. Merveilleusement bien. Le plus bel endroit du monde, sans aucun doute. 

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    Et soudainement, il s'éloignait tout doucement d'elle, avec un petit regard malicieux. Rapidement, sans qu'elle ne s'y attende, il enlevait son tee-shirt, ses chaussures, ses chaussettes et son pantalon, pour être seulement vêtu d'un maillot de bain. La jeune fille, surprise, détournait aussitôt les yeux, les joues en feu. Elle regardait de nouveau Carson seulement lorsqu'un "plouf" se faisait entendre et que quelques gouttes d'eau fraîche venaient lui chatouiller les chevilles. C'était seulement maintenant qu'elle remarquait ce point d'eau, et elle commençait à comprendre. 

    -Mais qu'est-ce que tu fais ? C'est pour ça que tu m'as demandé si j'ai un maillot de bain et de le mettre ? 

    -Tu comprends vite ! Éclatait-il de rire. Tu viens me rejoindre ? 

    Les jours suivant le gala, Eleonore revit plusieurs fois Carson, en tout bien tout honneur. Il profitait de sa pause déjeuner pour venir la voir à son travail, échappant ainsi aux regards des parents McGuire. La première fois que Carson eut l'audace de l'invité à venir avec lui au cinéma, un soir, Eleonore ne savait plus où se mettre, ni comment réagir. Alors qu'elle croyait qu'il venait la voir par simple gentillesse, voilà qu'il semblait se profiler autre chose, sans qu'elle parvienne à admettre quoi. Bêtement, elle lui avait demandé le pourquoi de cette invitation. Elle avait aussitôt regretté sa question, se sentant idiote et à côté de la plaque. Mais en réponse, il lui avait souri, et s'était approché de son oreille pour lui murmurer : "Considère ça comme un rendez-vous galant". Les joues d'Eleonore n'ont jamais été aussi rouges. Convaincre ses parents de la laisser sortir avait été la croix et la bannière, ces derniers voyant d'un très mauvais œil cette drôle d'idée. Ils l'avaient, évidemment, aussitôt interrogés, lui demandant avec qui elle irait voir un film.

    Et pour la première fois de sa vie, elle leur avait menti. En prétendant qu'elle irait avec une amie à elle, qu'ils connaissaient bien et qu'ils appréciaient beaucoup. Bien sûr, Eleonore avait tout prévu et avait contacté cette amie pour lui demander de bien vouloir lui servir d'alibi. Bien trop heureuse de la voir enfin sortir de sa coquille, cette dernière avait accepté sur le champ. Autant de fois qu'elle le voudrait !  

     

     


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