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    Suite à sa question, Aiden Torwell prit aussitôt un air sérieux, qui ne laissait présager rien de bon. Océane se mordit la lèvre inférieure, soudainement aux prises d'un mauvais pressentiment, regrettant aussitôt d'avoir posé sa question. Peu importe la raison de sa venue, elle ne voulait plus le savoir et souhaitait qu'il s'en aille sans prononcer le moindre mot. Les mauvaises nouvelles, elle en avait assez entendues ces derniers mois pour le restant de ses jours. 

    -Je suis venu vous avertir que vous serez dorénavant placée sous protection policière. Avoua Aiden de manière directe. Il était inutile de tourner autour du pot, selon lui. Cela ne changerait rien à la situation et ne ferait que créer un suspense qui n'avait pas lieu d'être. 

    -A cause de la mort d'Ophélie ? Comprit alors la jeune femme, loin d'être dupe, tout en détournant la tête pour ne plus voir la mine sombre de son interlocuteur. 

    -En effet. Si le Chasseur se met à commettre des meurtres, nous craignons qu'il finisse par s'en prendre à vous, étant donné que vous attendez son enfant. Vous portez la seule preuve irréfutable de sa culpabilité, et il pourrait vouloir se débarrasser de vous pour que plus rien ne puisse le relier à lui. 

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    -Ok. Répondit-elle simplement, les larmes aux yeux, bouleversée par une nouvelle menace qui planait au-dessus de sa tête.

    Et voilà, elle aurait du s'en douter. Encore une mauvaise nouvelle. A croire que son existence se résumait désormais à une succession d'événements négatifs, et qu'un nuage profondément noir obscurcissait le reste de sa route, sans qu'aucun rayon de soleil ne puisse filtrer afin de lui permettre d'espérer un avenir meilleur. Depuis que son chemin avait croisé celui d'un prédateur, sa vie est devenue véritablement chaotique sans laisser présager un moyen pour elle de sortir la tête de l'eau. A croire que c'était elle la fautive dans l'histoire, et qu'une force suprême cherchait à la punir de quelque chose en lui imposant une succession de malheurs dont elle ne voyait plus le bout. 

    -Vous vous sentez bien ? S'inquiéta brusquement, et maladroitement, le jeune homme, avant de réaliser la stupidité de sa question. 

    -Parfaitement bien ! J'ai été violée, je suis enceinte de mon violeur, je suis obligée de rester coincée chez moi et maintenant j'apprends que mon violeur voudra sans doute me tuer ! Ma vie est géniale, je ne peux pas être plus comblée ! Ironisa aussitôt Océane, la voix tremblante, essayant de retenir ses larmes. 

    Manquerait plus qu'elle se mette à pleurer maintenant, histoire de sombrer un peu plus au plus profond du pathétisme de son existence. 

     


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    -Ne vous en faites pas Mademoiselle, un agent sera posté jour et nuit devant votre porte et vous accompagnera partout où vous allez. Il sera chargé de votre protection. Nous veillerons à ce que le Chasseur ne s'en prenne ni à vous, ni à l'enfant que vous portez. Assura maladroitement le jeune homme, perturbé par la détresse légitime de son interlocutrice. 

    Il n'était pas spécialement proche d'elle, ne voyant auparavant que l'assistante sympathique de son amie, mais constater à quel point la vie s'acharnait sur elle lui faisait mal au coeur. L'injustice s'affichait une nouvelle fois devant ses yeux, comme si elle prenait un malin plaisir à le narguer. Tandis qu'il courrait après la justice en essayant de trouver le Chasseur, l'existence lui rappelait sans cesse qu'il échouait dans sa tâche. Les larmes dans le regard bleuté de la jeune Océane n'étaient que les signes de son incompétence. 

    -Arrêtez de l'appeler le Chasseur. Maugréa brusquement Océane en serrant les dents pour ne pas éclater en sanglot devant l'agent de police. Je ne suis pas une proie. Je ne suis pas une gazelle qui a été bouffée par un lion. Je ne suis pas un cadavre dans lequel une mouche a pondu ses œufs pour voir la naissance de larves. Je suis une victime de viol. Lui est un monstre. Nous ne sommes pas des animaux. Conclut-elle la voix vacillante, tout en s'efforçant de jeter un regard noir au jeune homme.

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    Mais l'abattement s'imposa aussitôt en elle. Elle voulait donner l'impression qu'elle cherchait à convaincre Aiden Torwell. Elle voulait montrer l'image d'une femme forte qui refusait de se laisser massacrer par les épreuves de la vie.

    En vérité, elle essayait simplement de se convaincre elle-même. Elle voulait se montrer qu'elle était plus forte. Elle serait capable de franchir chacune des embûches toute seule, comme une grande, même avec son ventre qui s'arrondirait de plus en plus au fil des mois. Elle voulait se prouver qu'elle pouvait ne plus subir sa douleur, et devenir une survivante.

    Force est de constater qu'elle avait visiblement tort.

    -Océane, ne vous inquiétez pas, tout va bien se ... Tenta doucement Aiden tout en s'approchant délicatement de la jeune femme pour la prendre par les épaules, et essayer tant bien que mal de la rassurer.

     

      


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    -Ne me touchez pas !! S'exclama brusquement Océane dans un haussement d'épaules avec un air apeuré. 

    Océane s'en voulut presque aussitôt de réagir ainsi, aussi vivement et sèchement, envers le jeune homme qui cherchait simplement à l'aider, à la rassurer, et qui ne lui voulait aucun mal. Mais sa réaction a plus rapide que sa réflexion, et dès qu'elle avait senti la main du policier sur son épaule nue, le contact s'est avéré insupportable. C'était comme si elle avait posé sa main sur une plaque de cuisson brûlante. 

    Elle se mordit la lèvre inférieure de honte lorsqu'elle croisa le regard d'Aiden, devinant son embarras. Il n'avait pas voulu la blesser, ni la mettre mal à l'aise. Elle ne voulait pas réagir aussi impulsivement juste pour une main innocemment posée sur son épaule. 

    Mais c'était plus fort qu'elle. 

    -Je suis désolé. 

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    -Quand est-ce que cette histoire sera finie ? Finit-elle par demander pour dissiper la gêne, le regard plein d'espoirs, ne souhaitant qu'être rassurée. Tout ce qu'elle voulait, c'était pouvoir reprendre une vie la plus normale possible, seulement occupée à sa reconstruction personnelle sans plus craindre pour son avenir sur Terre. 

    -Le plus tôt qu'il sera possible, Mademoiselle. Lui répondit Aiden, avec toute l'assurance dont il était capable en cet instant. Il ne pouvait malheureusement rien lui promettre, et il préférait être honnête envers son interlocutrice. Il admit que pour l'instant, aucune piste ne menait jusqu'au monstre de Belderas, mais qu'il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour y remédier. 

    Malgré tout, bien qu'il ne pouvait lui assurer retrouver le Chasseur dans les jours à venir, il lui fit tout de même une promesse : s'il le fallait, il veillerait personnellement à ce qu'il ne lui arrive rien. 

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    -Et vous avez raison, Mademoiselle, vous n'êtes pas une gazelle. Finit-il par conclure, pour revenir sur les propos tenus un peu plus tôt. De cette manière, il espérait lui montrer qu'elle était bien plus forte qu'elle pouvait l'imaginer. 

    -S'il vous plait, appelez-moi Océane. Vous vous êtes déjà permis une fois, continuez. Lui dit-elle timidement, en se forçant à sourire. 

    -Dans ce cas, vu que l'on sera amené à se voir régulièrement, appelez-moi Aiden. 

     

     

     


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    En fin de journée, Carson était assis sur son canapé après avoir passé la journée à rassembler les différents courriers et autres manifestations de soutiens reçus à l'agence matrimoniale, puis à les préparer pour les faire parvenir à leur destinataire. Bien qu'il ne se permettait pas d'en vérifier le contenu, la tâche était délicate et chargé en émotion et il se retrouvait souvent seul à la gérer, ses collègues ayant parfois du mal à rester de marbre face aux lettres, aux cadeaux et aux fleurs.

    -Mon patron m'a assignée une affaire bénévole aujourd'hui. Il dit que c'est meilleur pour l'image du cabinet d'accepter de prendre certains clients dans le besoin. Personnellement, j'ai un gros doute et cela m'ennuie plus qu'autre chose ! Piailla Andie depuis la cuisine, cette dernière ayant rejoint son petit ami dans le but de prendre un café. 

    -C'est bête. Marmonna Carson en réponse, qui ne l'écoutait que d'une oreille distraite.

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    Nullement intéressé par la conversation qu'essayait d'entretenir Andie dont la présence l'ennuyait de plus en plus, l'esprit de Carson était ailleurs. Il n'avait plus eu de nouvelles de sa patronne depuis qu'il l'avait croisé par hasard dans un parc, le jour de la découverte du corps de la malheureuse Ophélie. Il avait bien entendu essayé de la joindre pour s'assurer que tout allait bien malgré les circonstances, mais il n'était parvenu qu'à avoir son époux à l'autre bout du fil. Celui-ci lui assurait qu'il gérait la situation, que Katryn n'était pas seule et parfaitement entourée, Carson aurait aimé pouvoir lui parler un peu pour s'en assurer lui-même. Il avait beau ne rien laisser paraître, le drame que subissait la jene femme était loin de le laisser insensible. 

     

     

     


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    -Et puis franchement, pour ça, il y a des avocats commis d'office, et j'ai suffisamment fait mes preuves pour ne pas m'abaisser à leur niveau, chacun son boulot après tout ! Continua de se plaindre Andie tout en faisant la vaisselle.

    -Oui oui. Répondit distraitement le jeune homme, faisant aussitôt soupirer l'avocate blonde.

    Cette dernière voyait bien que son petit ami ne l'écoutait absolument pas, et qu'elle pourrait très bien lui raconter qu'elle a couché avec tous ses collègues du cabinet et un pingouin qu'il ne réagirait pas plus que si elle lui parlait de la météo du lendemain. Depuis quelques jours, Carson semblait être dans un autre monde, et il ne l'invitait pas à venir le rejoindre, la maintenant à l'extérieur de ses pensées. Ce constat blessait profondément Andie, qui avait osé espérer qu'un rapprochement avec lui serait finalement possible le jour où elle l'avait surpris dans un état plus bas que terre. Elle avait cru qu'il se déciderait enfin à s'ouvrir à elle, autant qu'elle lui ouvrait son coeur. 

    Mais plus les jours suivaient, plus il s'acharnait à lui démontrer qu'elle avait tort. 

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    -J'ai fini la vaisselle ! S'exclama-t-elle joyeusement en se dépêcha de venir rejoindre son homme sur le canapé. 

    Ce dernier sursauta à cette affirmation et daigna enfin lui accorder un regard. Il la remercia sans un sourire avant de se replonger dans ses songes, oubliant la raison principale de la présence d'Andie à ses côtés. Parfois, lorsqu'il lui arrivait de penser à la jeune femme, il se demandait ce qu'elle pouvait bien continuer à faire ici, à s'entêter dans cette relation qui n'avait aucun sens. Mais il finissait toujours par passer à autre chose, puisqu'au fond, il s'en fichait. Lui n'avait rien promis, et n'avait aucune obligation à côté. Si elle se plaisait dans une histoire à sens unique, tant mieux pour elle. C'était son problème, pas le sien. 

    -A quoi tu penses ? Osa-t-elle finalement demander, cherchant une nouvelle à créer du lien avec cet homme qui, malgré tout, lui plaisait énormément sans qu'elle ne puisse expliquer pourquoi. 

     

     


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