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    -Qu'est-ce qu'on fait ? Interrogea Lizzie en direction de son frère, sans se préoccuper davantage de sa tante. Ayant un rôle de manager à assumer, sa fuite soudaine ne semblait perturber personne dans la pièce, tous étant inquiet à propos du jeune homme qui commençait à geindre sur le canapé. Il essaya de se redresser pour s'asseoir et essayer d'évaluer son environnement, mais il se rallongea aussitôt pour se mettre en position fœtale. Il était bien incapable de tenir une position correcte, comme si la douleur y était plus forte et plus intense d'une posture à une autre. 

    -Tu as le numéro de ses coloc' ? Lui soupira alors Neil, embêté et ne savant pas tellement quoi faire dans une telle situation. Tu devrais les appeler. Lui conseilla-t-il ensuite après confirmation de la part de sa sœur. Alicia et Keith le connaissent mieux que nous, ils sauront mieux comment agir avec lui et peut-être même qu'ils savent ce qu'il lui arrive. 

    -C'est une bonne idée ! S'exclama Lizzie avant de s'exécuter aussitôt en sortant son téléphone. Pendant qu'elle cherchait le numéro d'Alicia dans son répertoire, Neil se baissa vers Curtis pour tenter d'établir un dialogue avec lui, mais il restait sourd à ses paroles. 

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    Pendant que Lizzie était au téléphone avec l'amie d'enfance de Curtis, et que Neil décida d'aller attendre dehors que la jeune femme et Keith viennent les rejoindre, Tyler décida de se lever pour aller rejoindre l'objet de toutes les inquiétudes sur le deuxième canapé de la pièce. Bien qu'il ne le connaissait que de nom, il était incapable de rester insensible à sa détresse. Ce jeune homme n'était qu'un gamin, et la vie semblait avoir décidé de ne pas être tendre avec lui en lui imposant des épreuves qu'il ne devrait pas subir à son âge. Ignorant tout de lui, Tyler éprouvait tout de même de la compassion, car l'étudiant lui renvoyait sa propre image lorsque lui-aussi avait du faire face à des embûches qui le dépassait totalement.

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    Tyler observa le jeune homme, le fameux Curtis, du coin de l’œil, et ne put s'empêcher de soupirer. Ce garçon lui rappelait celui qu'il était au même âge, alors qu'il avait déjà sombré dans l'alcool suite au décès de sa sœur. Ce Curtis lui renvoyait l'image du jeune homme dépressif qu'il était par le passé et cela le désola profondément. Il ne pouvait s'empêcher de s'identifier à lui, et espéra de son tout coeur qu'il ne suive pas le même chemin.

    Lui-même avait baissé les bras face aux assauts cruels de l'existence, et jamais il ne souhaiterait la même chose à qui que ce soit.

    -Ça va aller mon garçon, t'es pas tout seul, tes amis vont arriver. Soupira-t-il finalement en tapotant la jambe du jeune homme qui ne réagit pas. Tyler n'était même pas certain qu'il l'ait entendu, ce qui lui serra davantage le coeur. Il perçut le regard de son épouse qui observait également Curtis, et il comprit qu'elle-aussi, percevait le Tyler du passé dans le désespoir évident de ce gamin de vingt ans. 

     

     


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    Quelques minutes plus tard, Neil revint dans la loge, suivit aussitôt de Keith et d'Alicia qui semblaient tous les deux inquiets et d'une nervosité palpable. Lizzie ne les avait jamais vu aussi sérieux, surtout en ce qui concerne le jeune homme. Ce dernier n'attendit d'ailleurs pas une seconde de plus avant de se précipiter vers son acolyte de toujours, sans même saluer les personnes présentes dans la pièce.

    Il se fichait de tous ces gens. Seul son meilleur ami comptait à ses yeux à cet instant.

    Alicia, plus mesurée, lança un timide bonsoir à tout le monde avant se placer aux côtés de Lizzie. Elle avait tenu à accompagner Keith, mais elle n'était pas très à l'aise quant à la situation. Au contraire de la majorité des personnes présentes ce soir-là, cette scène lui était malheureusement familière. Les jours, les semaines à venir seraient difficiles, et elle aurait nettement préféré que ces inconnus n'assistent pas aux débuts d'une lente descendante aux enfers.

    -Qu'est-ce qui lui arrive ? Questionna alors Lizzie à voix basse en direction de la jeune femme.

    -Lizzie, je ne veux pas être méchante mais crois-moi quand je te dis que tu ferais mieux de ne pas t'en mêler. Soupira Alicia en réponse, dans l'unique but de préserver la jeune fille. A son âge, elle ne devrait pas à avoir assister à la déchéance d'un homme brisé.

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    -Hey bro', c'est moi, on est là avec Alicia. Murmura doucement Keith pendant ce temps-là. Il posa doucement sa main sur l'épaule de son ami de toujours, son frère de coeur, oubliant sa légèreté et son humour qui le caractérisait tant. Ce soir-là, Keith montrait un nouveau visage : celui de l'ami fidèle, loyal, incroyablement présent et patient. T'es pas tout seul mon pote, on va te relever, t'en fais pas, tu vas surmonter ça, je te le promets. Poursuivit-il, tout en ignorant les bougonnements de son ami. On va te ramener à l'appart', et crois-moi quand je te dis qu'on ne va pas te lâcher. On est là, nous, on est là. La vie est vraiment pute avec toi, mais on est là. On va surmonter ça ensemble, mon frère, je te le promets, on va surmonter ça ensemble. Affirma-t-il avec assurance, tout en lui serrant fermement la main. Il voulait obtenir une réaction de sa part, refusant le laisser tomber dans le déni et un monde imaginaire qui ne le ferait que davantage souffrir. Il avait déjà fait l'erreur une fois après la mort de Lucile, hors de question de recommencer ! Cette fois-ci, il allait le forcer à affronter la réalité en face afin qu'il puisse se remettre plus rapidement sur les rails. Il ne lâcherait rien tant que son meilleur ami aurait besoin d'une bouée pour garder la tête à la surface de l'eau. 

     

     


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    -Sérieusement Alicia, qu'est-ce qui lui arrive ? Je l'ai aperçu au début du concert, il allait bien. Je le retrouve tout à l'heure, et il s'est effondré à mes pieds. Expliqua calmement l'adolescente, perturbée, inquiète, face à son ami. Elle ne l'avait jamais vu dans un tel état et elle ne parviendrait jamais à trouver le sommeil en restant dans l'ignorance. Je veux juste comprendre Alicia, c'est pas normal d'être comme ça. 

    -Tu as entendu parler de la fille qui a été retrouvée dans le fleuve ce matin ? Abdiqua alors la jeune femme dans un soupir. De toute façon, Lizzie finirait par l'apprendre d'une manière ou d'une autre, d'autant plus que le nom de la victime avait fuité dans les médias, raison pour laquelle ni elle, ni Keith n'avaient été surpris de recevoir un appel paniqué de l'adolescente. 

    -Rapidement, on a été occupé ici toute la journée avec les répétitions de Papa. 

    -La fille, c'était la copine de Curt'. C'est Ophélie. Annonça sombrement Alicia sans cacher sa tristesse. Elle n'avait connu Ophélie que très peu de temps, mais s'il y avait bien une personne qui ne méritait pas un tel sort, c'était bien elle. La jeune femme était une vraie perle, une fille sympathique qui n'avait jamais fait de mal à une mouche, et sa vie a été fauchée brusquement sans pitié. Alicia s'était attachée à elle, d'autant plus qu'elle rendait Curtis véritablement heureux, et la nouvelle avait été difficile à digérer. Néanmoins, son chagrin passait au second plan et elle prenait sur elle. Ses sentiments ne valaient rien comparer à ceux de son meilleur ami qui n'avait certainement pas besoin de ça. Malgré le proverbe, la foudre était bien tombée deux fois au même endroit. 

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    La réaction de l'adolescente ne se fit pas attendre. Un "Oh mon dieu" s'échappa de ses lèvres tandis que son visage laissa paraître son effroi. L'horreur de la situation était également perçu par Neil, qui regarda alors Curtis avec compassion. Il avait aperçu la jeune fille quelque fois, ce qui suffisait pour lui donner une boule à l'estomac. Tyler réagit également à cette annonce en lançant un regard à son épouse, tout aussi choquée que lui. Bien qu'ils ne connaissaient pas la jeune victime en question, ils comprenaient à présent la détresse du jeune homme. 

    Encore une fois, le père de famille ne put s'empêcher de s'identifier à lui, éprouvant davantage de peine à son égard. 

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    -C'est horrible. Marmonna Lizzie, choquée, déstabilisée. Elle avait rapidement entendu qu'une fille avait été retrouvée, ainsi que l'hypothèse qu'elle soit une victime du Chasseur, mais jamais elle n'aurait imaginé qu'il s'agit de la petite amie de Curtis. Elle se sentit d'autant plus mal lorsqu'elle se souvint qu'il s'était effondré quand elle l'a interrogée sur l'absence de cette dernière. Elle n'avait fait qu'ajouter un coup de massue supplémentaire, et elle culpabilisa aussitôt. -Qu'est-ce qu'on peut faire pour l'aider ? 

    -Pas grand chose, tu sais. Lui répondit sincèrement Alicia. Mais ne t'en fais pas, on sait le gérer avec Keith. Ce n'est pas la première fois, après tout... 

    -Comment ça ? S'intrigua aussitôt l'adolescente, curieuse d'une telle formulation. Se rendant compte de sa bévue, Alicia se mordit la lèvre inférieure en évitant le regard assassin de Keith qui avait entendu sa remarque, mais sut qu'elle ne pouvait plus revenir en arrière.

    -L'ex de Curt', elle est morte aussi, d'une maladie, il y a quelques années... Avoua-t-elle alors en regardant ses pieds.

    Un silence de mort s'imposa aussitôt dans la pièce. La famille Meyers se comprit l'ampleur de l'horreur. A seulement vingt ans, le jeune homme avait déjà perdu deux amours dans de tragiques circonstances. A seulement vingt ans, le pauvre devait affronter une nouvelle fois l'injustice de l'existence. Eileen allongea doucement son fils sur le canapé, pour ensuite rejoindre son époux dont le regard était perdu dans le vague pour l'enlacer tendrement dans ses bras.

    Pendant ce temps-là, Keith souleva Curtis du canapé dans le but de le traîner jusqu'à leur appartement, jugeant qu'ils s'étaient tous suffisamment donnés en spectacle. Curtis avait besoin d'un environnement familier et de calme, et non pas de rester statique dans un lieu inconnu. Sans attendre, Alicia se dépêcha de lui venir en aide. Ensemble, ils aidèrent leur ami à avancer dans les couloirs, suivit de près par Neil et Lizzie, prêts à agir si un coup de main s'avéraient nécessaire. 

    Encore une fois, l'amour venait de faire sombrer Curtis Midhow. 

    Et une nouvelle fois, l'amitié allait tout faire pour réparer les dégâts et l'aider à se relever... 

     

     


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    Le lendemain, les réactions suite au décès de la jeune Ophélie n'ont pas tardé à se manifester. Spontanément, sans même se consulter, les habitants de la ville sont allés déposés des fleurs au bord du fleuve, à l'endroit même où le corps a été découvert. D'autres encore sont apparues devant l'entrée de l'agence matrimoniale, dont la fermeture exceptionnelle n'avait dupée personne suite à la divulgation de l'identité de la victime. Des mots et des cartes accompagnaient ces présents floraux pour soutenir la patronne de l'établissement, et les techniciens de l'agence se mirent à réceptionner fleurs et messages au fur et à mesure, promettant à chaque personne qu'ils les feraient parvenir à Katryn Meteyer. Ils affirmèrent même que son époux, Jared, passeraient les chercher en fin de journée.

    Sur les réseaux sociaux, l'émotion émanant de cette tragédie se faisait également sentir. Les articles traitant de l'affaire se voyaient assaillis de centaines de commentaires de soutiens sur Facebook, des pages d'hommage où des jeunes fréquentant le bar où travaillait Ophélie partageaient des vidéos de ses prestations sur scène apparaissaient sur la toile. Des étudiants de son université profitaient d'ailleurs de ces espaces virtuels pour diffuser des extraits filmés de la dernière pièce de théâtre où jouait Ophélie, glissée dans la peau d'une Juliette véritablement amoureuse de son Roméo. Sur Twitter, le hashtag #RIPOphélie ne mit pas longtemps avant d'être dans les Tendances Mondiales. 

    Mais très vite, cette vague d'émotions laissa place à une déferlante de colère. Des personnes ne tardèrent pas à se réunir pour manifester leur exaspération devant les locaux de la police. Ils n'en pouvaient plus, de vivre dans la peur. Ils ne supportaient plus de craindre pour la sécurité de leur mère, leurs sœurs, leurs amies, leur petite-amie, leurs filles. Les femmes souffraient de ne plus pouvoir mettre un pied dehors dans l'inquiétude de devenir la prochaine proie du Chasseur. Les viols en série étaient déjà une source de terreur. Mais dorénavant, une vie a été perdue et c'était une véritable abomination inacceptable. Personne ne comprenait pourquoi le Chasseur n'ait toujours pas été arrêté. Que faisait la police ? Combien de temps allait-elle permettre à ce monstre de continuer à parsemer les rues en toute liberté, alors des femmes innocentes ne pourraient bientôt plus sortir sans craindre pour leur vie ? Cette situation était intolérable ! Elle avait permis à ce Chasseur de retirer une vie ! Combien d'autres encore allaient être sacrifiées avant que la justice ne fasse enfin son travail ? Les gens criaient leur colère, leur peur, et le nom de la jeune Ophélie devant la police qui ne savait plus comment gérer la situation. Le chef de la police tenta de calmer la situation en sortant faire une déclaration, promettant de tout faire pour retrouver ce criminel et le mettre derrière les barreaux, mais cela n'apaisa pas la foule.

    Des promesses, encore des promesses... La marée humaine n'en avait que faire. Tout ce qu'elle voulait, c'était la tête du Chasseur sur le haut d'une pique...

     

       

       


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    Le soir-même, c'était épuisé qu'Aiden Torwell retrouva avec un soulagement son appartement. Après avoir avalé rapidement une simple salade et jeté un rapide coup d’œil à l'heure sur son four -indiquant qu'il était plus d'une heure du matin-, c'est avec une démarche de zombie courbaturé que le jeune homme se rendit dans sa salle de bain. Il prit une douche rapide pour essayer de détendre ses muscles tendus par sa journée interminable, avant d'enfiler son pyjama et de se passer un coup d'eau froide sur le visage. 

    Aiden avait l'impression d'avoir passé la pire journée de sa vie, inimaginablement rude et stressante, ne lui laissant aucune seconde pour souffler, l'accablant au delà du possible.

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    Entre le décès d'Ophélie, les manifestations réclamant justice, et son commandant qu'il lui était soudainement tombé dessus, l'inspecteur n'eut pas une seconde pour souffler. A peine une heure après que les personnes aient commencé à se rassembler, le commandant de la criminelle a réclamé sa présence immédiate dans son bureau. Il n'a pas été tendre avec lui, réclamant des résultats le plus rapidement possible ne supportant plus de voir l'enquête s'éternisée, et Aiden s'est vu dans l'impossibilité d'en placer une. 

    Le FBI hésite même entre intervenir ou continuer de se foutre de notre gueule, Torwell !  S'était écrié le commandant, soupirant d'exaspération en entendant son téléphone sonné pour la énième fois depuis la découverte du corps de la jeune fille. 

    J'ai aussi le maire qui me harcèle car il n'en peut plus d'avoir un psychopathe qui se pavane dans les rues ! Il se demande même qui sont les branquignoles qui s'occupent de l'affaire et veut la voir se clôturer au plus vite avec ce fou derrière les barreaux ! Avait-il ajouté ensuite avec une sévérité dont il faisait rarement preuve habituellement, étant plutôt bienveillant et compréhensif avec ses équipes. Mais à situation exceptionnelle, comportement exceptionnel. 

    Je vous préviens Torwell, je veux des résultats ! Sinon des têtes vont devoir tomber, et croyez-moi bien quand je dis que ça m'embêterait pas mal ! Si c'est la seule solution pour apaiser le maire, je n'hésiterai pas une seconde ! Avait-il fini par soupirer, avant de conclure par un magnifique : "Sortez-vous les doigts du cul, bordel !" 

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    -Journée de merde. Marmonna avec aigreur Aiden en se regardant dans le miroir.

    Ses journées étaient déjà longues depuis qu'il a été mis sur cette affaire, mais il sentait bien qu'il n'était pas prêt à revoir la couleur d'une vie normale tant que le Chasseur courait dans les rues. Il était dépité, frustré et enragé de voir que ce fou se jouait d'eux, et il était encore plus hors de lui en constatant que le viol ne suffisait maintenant plus à ce malade. Voilà qu'il voulait ajouter le meurtre à son tableau de chasse, afin d'accentuer la pression et de s'amuser davantage avec eux. Manquerait plus qu'il s'amuse à leur envoyer du courrier, et ce serait définitivement la cerise sur le gâteau de la honte. 

      


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