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    En fin de journée, Curtis était, comme quasiment tous les soirs, enfermé dans sa chambre entrain de discuter avec l'une de ses mères par conversation vidéo. Certains jeunes de son âge trouverait ça stupide et terriblement lourd de devoir discuter avec ses parents tous les soirs alors qu'il ne rêvait que d'indépendance. Mais pas lui. Il trouvait cela important de garder un contact régulier avec sa famille, surtout depuis qu'il vit aussi loin d'eux. En effet, le jeune homme était originaire d'un petit village, à plus de 500 kilomètres de Belderas, et il ne pouvait malheureusement pas rentrer chez lui autant de fois qu'il le voudrait. Ces conversations vidéos lui faisaient donc un bien fou car elles lui permettaient de garder un contact régulier avec ses origines.

    -Tu as l'air en forme mon poussin !! S'exclama joyeusement Aurélie, l'une de ses mères adoptives. Mais on dirait que tu as un peu maigri depuis la dernière fois... Tu manges comme il faut mon grand ? 

    -Curt' est un grand garçon ma puce, laisse le respirer. S'amusa une autre femme derrière la femme d'âge mûr entrain de ranger un livre dans la bibliothèque du bureau. 

    -Bonjour Edith ! La salua-t-il aussitôt, ravi de voir son autre mère se joindre à leur conversation. Une mère qu'il a pris l'habitude d'appeler par son prénom, car Edith était la deuxième compagne de son autre mère. Son "ancienne autre mère", Lauranne, avait péri dans un tragique et terrible accident -une sombre histoire compliquée, mais elle n'avait pas eu une mort douce, loin de là- après avoir lâchement abandonné sa famille alors que Curtis n'était qu'un enfant de cinq ans. 

     

     

     


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    -Ta mère est une vraie mère poule. Ne put s'empêcher de plaisanter Edith tout en allant enlacer amoureusement sa compagne. Elle s'inquiète constamment pour toi. 

    -Il n'y a pas à s'en faire, je vais bien. Leur assura Curtis avec un sourire amusé. J'ai eu le rôle de Roméo! Leur annonça-t-il fièrement, ravi de ce premier succès, lui était abonné au second rôle depuis qu'il prenait des cours de théâtre. 

    -Félicitations mon grand !!! S'exlamèrent en même temps ses deux mères. 

    -Et ce n'est pas n'importe quel rôle en plus ! Roméo ! S'empressa d'ajouter Aurélie. Et Juliet, elle est mignonne ? Ne tarda-t-elle à demander avec un air taquin, sachant son fils désespéremment et injustement célibataire et rêvant le voir se ramener avec une jeune fille à son bras!  

    -Maman ! Soupira de lassitude le jeune homme tout en levant les yeux au ciel. 

    -Laisse le tranquille avec ça, il trouvera bien quelqu'un un jour notre Curt'. Affirma Edith avec un tendre sourire. 


     


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    -Ecoute la voix de la sagesse Maman ! Se mit à plaisanter Curtis, oubliant l'espace d'un instant qu'il se trouvait à des kilomètres de chez lui, loin de sa famille. 

    -Et beau comme il est, il ne devrait pas avoir de problème à trouver quelqu'un. Précisa ensuite la châtaine aux yeux verts avec amusement alors que son fils adoptif leva les yeux au ciel pour la deuxième fois. 

    -Les répétitions commencent quand ? On pourra te voir ? Et tu rentres quand ? La questionna rapidement Aurélie voulant absolument tout savoir sur la vie de son unique enfant qu'elle aime tant ! Et pour cause, son chérubin a longtemps été son unique raison de vivre et sa seule source de joie pendant les quelques années suivant le départ de Lauranne et précédent sa rencontre avec Edith.  

    -Les répétitions commencent à la fin de la semaine. Je ne sais pas si vous pourrez venir, je ne sais même pas quand aura lieu la représentation et je ne rentre pas avant Noël. Roméo et Juliet, ce n'est pas n'importe quelle pièce, et il faut que je le bosse corectement! Répondit-il calmement et avec patiemment. Et comment ça va à la maison ? Tout va bien ? Interrogea-t-il à son tour, curieux et très intéressé par la réponse de ses mamans. 

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    -Curt' !!! L'interpela alors Keith tout en déboulant brusquement dans la chambre de son meilleur ami. Faut que je te parle mon vieux! Oh bonjour Aurélie ! Bonjour Edith ! Les salua-t-il en remarquant que Curtis était en conversation avec ses mères. Ayant passé une grande partie de son enfance et adolescence chez les Midhow, cela faisait des années qu'il avait pris l'habitude d'appeler les mères de son meilleur ami par leur prénom. Ces dernières ne tardèrent, d'ailleurs, pas à répondre à son salut. 

    -Qu'est-ce qui se passe ? Lui demanda-t-il, nullement étonné de voir Keith débarquer comme à son habitude à l'improviste. 

    -En privé, please! Lui dit-il, un peu embarrassé d'interrompre sa conversation qu'il attend à chaque fois tous les jours. 

    -On te rappellera Curtis, on doit aller chez le médecin de toute façon. L'informa avec Edith alors qu'Aurélie la regarda aussitôt avec un reard désapprobateur. 

    -Comment ça, chez le médecin ? Réagit aussitôt Curtis, mais ses mères venaient de mettre fin à la conversation, ce qui le fit alors soupirer. 

     

      


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    Sa conversation étant terminée, Curtis ne tarda pas à éteindre son ordinateur portable pour ensuite se lever et faire face à son meilleur ami qui tenait absolument à lui parler. Le jeune homme ignorait la cause d'un tel empressement, et il était bien curieux de le savoir. En général, ses amis respectaient ses moments d'intimité dont il avait besoin et le laissait tranquille, et cette irruption l'intriguait. 

    -Bon, qu'est-ce qu'il y a ? L'interrogea-t-il alors. 

    -C'est quoi ça ? Lui demanda aussitôt Keith tout en lui tendant une photo qu'il dissumlait soigneusement derrière lui jusqu'à lors. 

    Curtis fronça les sourcils avant de jeter un coup d'oeil sur l'image, qui représentait une jolie brunette aux yeux bleus, tranquillement assise dans l'herbe par une belle journée d'été. Il sourit en voyant son doux visage, avant de reporter son attention sur son meilleur ami. 

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    -On appelle ça couramment une photo. Et plus particulièrement, il s'agit d'une photo de Lucile que tu devrais normalement reconnaître. Lui répondit-il d'un ton calme, ne comprenant le léger agacement de son interlocuteur, tout en récupérant rapidement la photo. Je m'en servais de marque-page et cela des jours que je la cherchais. Elle était où ? 

    -Peu importe, mais je peux savoir pourquoi tu gardes une photo d'elle ? Tu es maso ou complètement fou ? 

    -Ni l'un ni l'autre. Et je ne vois pas en quoi ça te regarde. Rétorqua aussitôt Curtis en fronçant les sourcils, irrité par l'attitude de son colocataire. 




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    -Ca me regarde parce que cette photo est potentiellement une source de souffrance pour mon meilleur ami ! Réplique immédiatement Keith, ne se laissant pas démonté et terriblement préoccupé pour celui qu'il considérait comme un frère depuis qu'ils étaient enfants. 

    -Cela fait des années que j'ai cette photo et ce n'est que maintenant que tu t'en inquiètes ? En soupira de lassitude Curtis, préférant ignorer les craintes stupides de son meilleur ami. Alicia aussi est au courant et elle ne s'en est jamais particulièrement inquiétée. Tu devrais faire pareil. 

    -Mais pourquoi tu gardes cette photo ? S'intrigua avec agacement Keith, ne comprenant pas l'attitude de son interlocuteur. Ca ne sert à rien à part à te faire du mal !! 

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    -Ecoute Keith, ça me touche que tu t'inquiètes pour moi, mais je n'ai pas à me justifier. Affirma avec assurance le jeune homme, ne voulant pas entrer dans un débat stéril et complètement inutile. Je suis suffisamment grand pour savoir quoi garder et quoi ranger et ce n'est pas toi qui va me dire ce que je dois faire. Et si tu veux tout savoir, j'ai encore le droit de garder un souvenir d'elle, et en trois ans, j'ai eu le temps de me faire à l'idée que Lucile n'est plus là.

    -Mais Curt'...

    -Laisse tomber Keith. Si tu pouvais me laisser maintenant, ce serait gentil, merci. Conclut alors Curtis, désirant en finir avec cette conversation qu'il n'appréciait pas. Il connaissait ses limites, et il ne voulait surtout pas dire des choses qu'il allait aussitôt regretter. Ainsi, il tourna le dos à son meilleur ami pour ranger la photo dans un livre avant de s'allonger tranquillement sur son lit avec son ordinateur tout en ignorant la présence de son colocataire. 

     

     


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