Au même moment, à l'hôpital, Emma se sentait plus seule que jamais. Son oncle venait de la quitter, devant rentrer chez lui retrouver sa famille, et la malheureuse adolescente ne savait plus quoi faire pour passer le temps, et essayer de penser à autre chose. Les images de son agression ne cessaient de hanter son esprit et elle avait l'impression de devenir folle tant que cela lui était insupportable. Tout en ces lieux les lui rappelaient, que ce soit l'inquiétude de ses proches, au murs blancs, à la tenue et l'odeur de l'hôpital, ou encore les visites quotidiennes des infimières et de la psychologue.

Tout cela, toutes ces choses qui étaient censés l'aider à aller mieux, elle ne les supportait plus. Au lieu d'avoir un effet bénéfique sur elle, elles l'enfonçaient davantage dans sa souffrance, et dans sa haine envers elle-même. Elle avait l'impression d'être une petite chose faible et fragile, qui pouvait se briser à tout moment. Et les efforts des autres ne faisaient qu'exacerber ce sentiment. Les journées étaient donc terriblement longues entre ces murs et elle n'avait qu'une hâte : sortir de ce lieu froid et sans âme pour tenter de reprendre enfin une vie normale, et essayer d'avancer au lieu de stagner au même stade, s'enlisant sans cesse dans sa douleur.

Pour essayer de penser à autre chose, elle se leva et attrapa discrètement son téléphone portable pour ensuite appeler sa meilleure amie. Elle avait besoin d'entendre la voix de celle qui avait toujours été là pour elle. Elle avait besoin de son soutien sans faille et de son optimisme à toute épreuve. Certes, Lizzie Meyers ne s'était pas montrée particulièrement à la hauteur le jour où elle est venue la voir, mais cela pouvait aisément se comprendre. Elle venait tout juste d'apprendre la nouvelle, et elle avait sans doute besoin de temps pour digérer cela.  

Cependant, et malgré toutes ses espérances, Lizzie ne se montrera pas meilleure que l'autre jour ce soir. La conversation a été brève, sans grand intérêt et peu bénéfique pour le moral de la jeune Emma Meteyer. En effet, la brunette s'est montrée plutôt évasive dans ses propos, avant de terminer la conversation par son désir de passer la soirée avec sa famille et de chouchouter son petit frère Connor. Avant cela, elle a bien évidemment précisé son incompatibilité avec son père, fait lui minant affreusement le moral.

Emma a tenté de se montrer compréhensive, savant parfaitement à quel point sa famille comptait pour Lizzie. Sa meilleure amie n'avait d'yeux que pour elle, et ne vivait que pour elle. Cette famille avait tellement failli se briser que Lizzie vivait dans la peur que cela arrive une nouvelle fois. De ce fait, elle s'accrochait à cette base réconfortante comme une moule à son rocher, et faisait souvent passer le reste au second plan. Un fait qu'Emma avait appris à accepter avec le temps, comprenant l'attitude de sa meilleure amie, dans le fond.

Néanmoins, Emma était toute de même déçue. Elle avait espéré que sa meilleure amie fasse des efforts pour elle. Après tout, malgré la maladie, son père était encore en pleine forme et bien en vie ! Certes, il avait un cancer, mais il n'était pas entrain d'agoniser dans un lit d'hôpital, luttant pour rester en vie. Il avait encore toutes ses chances, et l'espoir avait toujours sa place dans les perspectives de guérison. Alors qu'elle, elle était au plus bas et avait besoin d'elle toute suite, sans attendre. C'était maintenant qu'elle allait mal, qu'elle était brisée de l'intérieur. Maintenant, pas l'année prochaine !