-Hein ? Que... Quoi ? Bafouilla le jeune homme, craignant de saisir correctement le sous-entendu de son amie qui était au bord de l'explosion. 

-Pauvre idiot, tout le monde sait que tu es amoureux de Lizzie ! Sauf elle qui est trop occupée à regarder son nombril et à trainer avec ses potes étudiants pour se rendre compte de l'évidence, bien entendu ! Confirma-t-elle ses doutes et peurs. Alaric se mordit la lèvre inférieure, essayant de se persuader que les mots de son amie n'étaient que le fruit de la colère. -Mais si tu veux un conseil, ajouta-t-elle ensuite tout en le fusillant du regard comprenant bien ce qu'il essayait de faire, ouvre les yeux sur son compte et oublie la ! Tu n'as aucune chance avec elle, Lizzie ne s'intéressera jamais à toi ! Tu es juste un gentil toutou qui est là quand elle a besoin de toi ! Tout ce que tu gagneras en continuant d'espérer, c'est de finir en petits bouts ! 

-Tu.. Tu exagères ... 

-Pense ce que tu veux, je m'en fous. Conclut-elle dans un soupir agacée. Bref, je m'en vais. Adieu Alaric, et je te souhaite malgré tout tout le bonheur du monde. Dit-elle sans la moindre chaleur, tout en quittant défintiviment sa chambre sans même lui laisser le temps d'ajouter quoique ce soit. 

Alaric resta figé de stupéfaction pendant de longues minutes après le départ de son amie. Il ne réalisait pas qu'elle avait pu tenir des propos aussi durs envers, contre Lizzie, que c'était la dernière fois qu'il la voyait... Il ne pouvait l'accepter, y croire, l'admettre. Il avait l'impression d'être en plein cauchemar. 

Cependant, il revint rapidement à la réalité, comprenant soudain qu'Emma n'avait absolument pas l'intention d'aller voir Lizzie. La jeune fille allait partir sans même dire au revoir à sa meilleure amie, et cela paraissait inconcevable aux yeux du jeune homme. Face à cette constation, il sortir rapidement son téléphone portable, conscient qu'il risquait de s'attirer les foudres d'Emma, puis envoya un SMS à sa meilleure amie afin de la prévenir du départ imminent de leur amie commune. Pour rien au monde il souhaitait que Lizzie ait des regrets après le départ de sa meilleure amie, malgré les affirmations cinglantes de cette dernière. 

Deux heures plus tard, Lizzie Meyers termina enfin sa journée de cours, épuisée par le nombre d'heures qu'elle venait subir en ce jour le plus lourd de la semaine. Elle prit tranquillement le bus pour rentrer chez elle tout en écoutant de la musique sur son MP3, se perdant dans ses pensées et regrettant de ne pas pouvoir se rendre chez ses amis étudiants depuis l'incident. Alicia lui avait fait comprendre qu'elle n'avait pas sa place dans ce trio d'amis, qu'elle était de trop et l'adolescente n'avait pas envie de continuer à s'imposer dans leur vie. Mais ces moments chez eux lui manquaient, et elle respira un grand coup afin de se forcer à penser à autre chose. 

Elle arriva enfin chez elle, dans sa grande maison déserte. Son père était parti passer des examens complémentaires et sa mère l'avait sans doute accompagné. Quant à son petit frère, il était sans doute chez sa tante Brooke entrain de jouer avec sa fille Tania. Elle soupira devant sa solitude, se dirigeant aussitôt vers sa chambre. Elle récupéra avec joie son téléphone portable oubliée le matin même sur son bureau, et vit rapidement qu'elle avait un message. 

Et Lizzie Meyers quitta alors précipitemment sa maison, sans rien prendre avec elle, entamant une course folle où son coeur battait de peur et de panique. 

Courir. Courir. Courir. 

Les pieds de l'adolescente foulaient le sol rapidement, la faisant souffrir un peu plus à chaque foulée, la fatigue et les ballerines n'aidant pas à faciliter la course. 

Plus vite ! Plus vite ! Plus vite ! Qu'elle se répétait sans cesse, tout en zigzagant entre les passants qui la regardaient avec stupeur. Les ignorant, Lizzie donnait toute son énergie vers son objectif. Elle voulait arriver le plus rapidement possible chez la tante de sa meilleure amie. Elle voulait comprendre. Elle voulait savoir. Elle voulait sortir du brouillard de l'incompréhension. 

Elle arriva enfin dans le quartier où elle résidait, où elle trouverait à coup sûr sa meilleure amie si elle n'était pas encore partie. Elle accéléra le mouvement, bousculant sans s'en rendre compte les quelques riverains qui rentraient tranquillement chez eux. Elle s'approcha de la maison, vit l'oncle d'Emma entrain de remplir le coffre de la voiture, aidée par sa femme, traversa rapidement la route sans faire attention, obnubilée par les deux adultes qui pourraient sans aucun doute la renseigner, l'aider, lui dire où se trouvait Emma. 

En voyant la jeune fille arriver, la maîtresse de maison lui sourit aussitôt, et comprit instantanément la raison de sa venue. Elle l'invita à entrer et monta à l'étage pour aller chercher sa nièce. Elle revint quelques minutes plus tard en compagnie de cette dernière qui ne semblait pas surprise de la voir ici. Katryn sortit de la maison, laissant les deux adolescentes seules. 

Une atmosphère de malaise s'installa aussitôt. Lizzie ne savait pas quoi dire, et elle était perturbée par l'attitude froide et indifférente de sa meilleure amie. Emma lui jetait des regards noirs, et elle ne comprenait absolument pas son comportement. Cela lui paraissait tellement inconcevable qu'elle était incapable d'émettre la moindre hypothèse. 

-Visiblement, Alaric n'a pas su tenir sa langue. Mais bizarrement, cela ne m'étonne pas. Commença simplement Emma pour briser la glace, tout en conservant sa glaciale indifférence qui troubla davantage son ancienne meilleure amie. 

-Pourquoi ? Pourquoi tu t'en vas ? Je ne comprends pas... Bredouilla alors Lizzie avec tristesse, perdue, ne retrouvant rien de sa meilleure amie en la personne qui se tenait en face d'elle, comme si on l'avait remplacé par une pâle copie absolument pas crédible.