• Noël 2012 : Que sont-ils devenus? Majibe

    Coucou tout le monde ! 

    Alors, voici la raison du sondage que j'ai posté il y a quelques jours, c'était pour vous faire un petit cadeau de Noël ! Et dans un sens, cela m'a fait plaisir de voir que Majibe avait eu le plus de votes, car je trouvais très intéressants d'écrire sur... ce qu'ils sont devenus. :)

    Je ne vais pas en dire plus, et vous laisser découvrir votre cadeau par vous-même. J'espère en tout cas que cela vous fera plaisir autant que moi de retomber quelques minutes dans l'univers de ces personnages... Et d'en savoir un peu plus sur leurs enfants ! :)

    Je sais, sur les images, je n'ai pas fait vieillir les personnages (alors qu'ils devraient s'être pris 20ans dans la tronche, oups!). Je n'avais pas le courage, et je trouve plus sympas de les laisser tel qu'on les a laissé :)

     

    Je vous souhaite une agréable lecture, et je vous souhaite un Joyeux Noël !  

  • Cela fait quelques temps que j'essaie de me souvenir de l'époque glorieuse de l'ancienne ère. Il s'agit d'un effort important, étant donné que ces souvenirs ne m'appartiennent pas, mais sont ceux de mon ancêtre. Mais je sais que je peux y avoir accès à n'importe quel moment, dès que je le souhaite. Ils font partie de moi, comme s'ils étaient intégrés à mon code génétique. Sommeil dans mon être des milliards de souvenirs, mais je suis encore trop jeune pour y avoir un accès total. Cela viendra, j'en suis certaine, mais seulement dans une petite centaine d'années, je suppose. Je n'ai qu'une vingtaine d'année, je suis encore un bébé lorsque l'on compare mon âge à mon espérance de vie.

    Mais j'ai envie de me souvenir de cette époque. Selon moi, elle est merveilleuse, d'après ce que j'en sais. Je crois bien que tout a réellement commencé lorsque Jason Calon n'était qu'un Héritier, et que sa mère, Carla était encore la reine de Majibe et exerçait un pouvoir tyrannique sur la population. Pour échapper à son contrôle, Jason s'enfuyait du château, et partait se balader sur une autre planète, la Terre. Il me semble que c'était là-bas qu'il a rencontré celle qui allait être la femme de sa vie, une jolie rousse aux yeux turquoise se nommant Lena Lowell. Dès l'instant où il l'a vu, Jason est tombé fou amoureux d'elle, un sentiment fort que partageait également la jeune femme. Cette dernière n'a d'ailleurs pas pris peur en découvrant l'identité réelle de son amant, et elle lui a volontiers fait un enfant. Malheureusement, Jason a été contraint de l'abandonner car menacé par sa mère, puis de se cacher. La malheureuse ne l'a pas supporté, et a mis fin à ses jours en laissant la garde de la prunelle de ses yeux, Tibby, à un couple d'amis, Bridget et Ben Peters qui se sont occupés d'elle au même titre que leur fille, Evey.

    L'histoire d'amour entre Jason et Lena a ému beaucoup de majibiens lorsqu'elle a été révélée, peu de temps après que l'Héritier prit de force la place de sa mère, pour protéger son peuple ainsi que sa fille, enlevée quelques temps plus tôt par Carla. Tibby, qui avait quinze ans à l'époque, a su se montrer courageuse et rester elle-même malgré qu'elle découvrait un nouveau monde dont elle ignorait tout. Elle s'est trouvée des alliés, Angel et Daphnée, pour la soutenir jusqu'au retour de son père, dont elle a enfin pu faire la connaissance. Et ainsi, elle a pu vivre une adolescence normale, et prendre seule ses décisions, se servant sans hésiter de son père comme d'un modèle à suivre. Et elle avait de quoi être fière d'être sa fille. Jason était aimé de son peuple, et possédait un amour inconditionnel pour sa planète. Il a sacrifié sa mère, et sa propre vie pour le bien de ses sujets, et sans la moindre hésitation. En étant simplement lui-même, avec sa générosité et sa bonté d'âme, il avait su redoré le blason de la famille royale et devenir un héros aux yeux de Majibe tout entier.

    D'autres générations se sont enchainées par la suite, affrontant tour à tour les difficultés de la vie avec force, courage et détermination. Cette famille était bercée par un seul mot d'ordre : l'amour. Chaque membre s'aimait d'un amour fou, et aimait les autres avec la même intensité. Ils étaient prêt à donner leur vie pour un parent, pour un frère, pour un enfant... Mais aussi pour l'élu de leur cœur. Et plus le temps avançait, plus ils étaient aimés et soutenus par leur peuple.

    Puis, est venue la fin de l'ère, qui se sentait par l'arrivé d'oryxiens sur Majibe. Les premières victimes furent les jumeaux Gaël et Elena Milys, arrières-arrières-petits-enfants du célèbre Jason Calon. Seule Elena succomba à ses blessures, mais elle est devenue un ange, se voyant offert une deuxième chance lui permettant de continuer à vivre et n'entrainant donc pas son frère dans sa chute. Mais en attendant, son fils, Kayden Loez, a grandi sans mère et élevé par un père dépressif. Durant toutes ces années, il cultiva une haine féroce contre les oryxiens qui l'avaient privé d'une vie normale. Une haine apaisée, et mise en sourdine lorsque son chemin croisa celui de Cassey Lores, une charmante demoiselle aux cheveux blonds et aux tendres yeux violets, au parc des Amoureux. Ils sont vite tombés amoureux, et la force de leur amour leur permit de surmonter les obstacles. Cassey représentait la plus grande force du courageux Héritier, le plus puissant que Majibe n'ait jamais connu. Mais elle représentait aussi sa plus grande faiblesse, et le Roi d'Oryx l'avait compris. En enlevant cette dernière sous les yeux du prince, il déclara la guerre à Majibe, voulant prendre une revanche qu'il attendait depuis des milliers d'années. Pendant des mois, Kayden continua à vouer une haine sans limite contre Oryx, craignant que le pire arrive à la femme qu'il aimait. Une femme fragile qui n'avait pas plus de courage qu'un caillou. Mais Cassey, aidée par une alliée inattendue, Ayako, qui était mi-oryxienne mi-mijabienne, a réussi à prendre le dessous et à se battre pour sa survie. Elle est même parvenue à s'enfuir deux fois du château d'Oryx. La première, elle était aidée d'Ayako, une aide précieuse qui lui a coûté la vie. La deuxième, elle a été aidée par un rebelle après avoir assassiné la Reine d'Oryx sous le coup de la colère.

    Oryx n'a pas gagné cette guerre. Le Roi est mort en même temps que Majibe, voyant son otage s'enfuir, sauvée in extremis par Kayden juste avant l'explosion de la planète. Un sauvetage permis par Lovely, fille de Gaël Milys et d'une princesse oryxienne, qui a sacrifié sa vie pour sauver celles de son cousin et de sa meilleure amie.

    Depuis, une nouvelle planète est née, symbole d'une toute nouvelle ère, d'un nouveau départ. Les anciens majibiens s'y sont installés et se sont mis au travail pour se construire une nouvelle vie. L'espoir était de nouveau là. Le bonheur aussi. Elena Loez et Gaël Milys ont pris la tête du royaume, secondés par Duncan Loez. Kayden a épousé Cassey, qui attendait déjà un heureux événement. La guerre était finie depuis des mois. Tous les éléments étaient là pour entamer une nouvelle vie.

    Je les ai aidé, d'ailleurs. J'ai grandi le jour de la Renaissance, et je suis restée avec eux le temps de la reconstruction. J'ai appris à les connaître, toutes ces personnes qui étaient mes protégées, et qui étaient sans doute plus honorées de faire ma connaissance que moi de faire la leur. Il est vrai que rencontrer l'enfant de l'ère n'arrive qu'une fois dans une vie, et ne se produit que très rarement, en début et en fin d'ère. Mais les voir aussi solidaire, aussi heureux m'a fait plaisir, et c'était avec beaucoup de tristesse que j'ai du les quitter pour rejoindre ma bulle protectrice. Je devais les laisser vivre leur vie à présent, sans pour autant les abandonner complètement. Moi, Alivia, veillait sur tout Alive avec un plaisir immense, et plus particulièrement sur la famille royale qui était aussi la mienne, en quelque sorte vu que Lovely était ma mère, et sur leurs proches dont leur histoire m'a beaucoup touchée. Ils vivent leur vie, comme ils l'entendent et comme ils le souhaitent, tournant la page d'un passé qui n'est plus aujourd'hui...

    La vie au début d'une nouvelle ère

    Elena Loez

     

    Comme souvent à cette heure, je m'accorde une pause pour scruter le paysage de la fenêtre de mon bureau. Il est magnifique, et je ne me lasse jamais de l'admirer. Du haut de ce nouveau château, construit par le peuple sans qu'on ne lui demande quoique ce soit, j'ai une vue splendide sur Alive, cette nouvelle planète qui n'a pas encore dévoilée tous ses secrets. Je m'émerveille à chaque nouvelle chose, malgré le peu de temps libre que me donne mon titre de Reine. La couronne m'occupe une bonne partie de mon temps, bien que Gaël fait tout pour que je puisse rentrer chez moi le plus tôt possible en compagnie de Duncan. J'ai une famille, mais je suis sa seule famille. Gaël n'a jamais voulu refaire sa vie et trouver l'amour, le vrai, et avoir ensuite des enfants. Il juge que ce n'est pas pour lui, et ne cesse de m'assurer qu'il est heureux comme cela. Il a appris à aimer la solitude qui le relaxe, l'assagit. Il a conscience avoir fait des erreurs par le passé, et il les assume aujourd'hui en restant seul, préférant gâter mes enfants et mes petits-enfants, plutôt que d'avoir les siens. Il a eu sa chance, mais il n'a pas su la saisir comme il le fallait.

    J'ai toujours trouvé cela dommage. J'ai, à plusieurs reprises, déprimé à son sujet, triste de le constater si seul. Duncan fait de son mieux pour me consoler et tenter de me faire ouvrir les yeux sur le bonheur évident de Gaël, mais rien n'y fait. Je voudrais tellement qu'il trouve quelqu'un qui lui convienne et qui partage sa vie. Contrairement à ce qu'il pense, il ne mérite pas sa solitude. J'ai essayé plusieurs fois de le convaincre de sortir et de faire des rencontres. Je me souviens d'une fois, il y a quelques années, lorsque Lucile n'avait que deux ans et jouait gaiement sur les genoux de son oncle, où je lui ai demandé si un jour il ne voulait pas jouer avec son propre enfant, plutôt qu'avec ma fille. «J'aime ta fille. J'aime aussi celle de ton fils. J'aime ton fils également. En fait, j'aime ta famille, car c'est toi qui la crée. Et je t'aime toi, car tu es ma soeur, mon double, et sans toi, je ne suis strictement rien. Tu suffis amplement à mon bonheur, Elena.» Qu'il m'a répondu. Sur le coup, cela m'a touchée, mais cela m'a attristée aussi, car cela montrait bien à quel point il a renoncé à l'amour.

    -Maman ? M'interpelle soudainement ma fille, me faisant ainsi sursauter.

    Je me retourne alors pour la constater à l'entrée de mon bureau, visiblement hésitante. Je lui souris, ressentant alors une vague de fierté en voyant la femme qu'elle est devenue. Elle a aujourd'hui vingt-deux ans, et je dois bien avouer que la ressemblance avec son père n'est pas que physique. Lucile a un sacré caractère, qui a été très difficile à gérer lors de son adolescence. Elle ne nous écoutait pas, que ce soit moi ou Duncan. En réalité, l'unique personne qui avait une influence sur elle, c'était son frère. Elle a toujours été proche de lui, malgré leur presque vingt-cinq années d'écart.

    -Qui a-t-il ? Lui demandai-je alors, en lui souriant.

    -Rien de spécial, je venais juste chercher un truc mais je suis surprise de te trouver ici. Tu ne devais pas retrouver tonton au café ? M'interroge-t-elle avec curiosité et embarras.

    -Et c'est quoi, «ce truc» ? M'intriguai-je, loin d'être stupide.

    Lucile n'a jamais été intéressée par la vie du royaume. Je lui ai bien entendu proposé d'être une Héritière pour qu'elle puisse me succéder aux côtés de son frère, mais elle a refusé. Elle préfère mener une vie normale, loin des tracas qu'implique la vie de Reine. C'est pour cela que je m'intrigue de sa présence ici, au château, vu qu'elle ne peut que trouver en ces lieux que des documents ayant un rapport de près ou de loin à ce qu'elle fuit tant.

    -Un bouquin, sur l'histoire de la planète. Avoua-t-elle, un peu gênée.

    Je ne peux m'empêcher de sourire. Il est vrai aussi qu'elle est passionnée d'histoire, et celle de notre bien aimée planète vivante plus particulièrement. Cependant, elle évite d'en parler en général, Duncan n'aimant pas se souvenir. La fin de l'ère Majibe est synonyme pour lui de beaucoup de souffrance, et il préfère ne pas y repenser. Majibe est rapidement devenue un sujet tabou à la maison, et Lucile l'a rapidement compris.

    Je m'approche alors de mon bureau pour ouvrir un tiroir. J'en sors aussitôt un épais ouvrage que je me presse de lui tendre avec un sourire.

    -Je pense que tu devrais trouver ce que tu cherches à l'intérieur. Passe une bonne journée ma puce, et passe le bonjour à Ayako !

    -Pas de soucis, et dis bonjour à tonton de ma part ! Me répond-t-elle tandis que je disparais aussitôt dans une lumière bleutée, pour arriver au plus vite au café où Gaël et Duncan m'attendaient déjà.

    Je me dépêche de les rejoindre, et une fois au niveau de leur table, j'embrasse mon homme pour ensuite m'asseoir à côté de lui. Gaël nous fait face, et nous sourit.

    -Votre amour fait toujours plaisir à voir. Nous dit-il tout en glissant vers moi un verre de thé glacé.

    -De quoi tenais-tu tellement à nous parler ? Lui demandai-je après quelques paroles échangées, où Duncan et moi donnions joyeusement des nouvelles de nos enfants, et de nos petits-enfants.

    Gaël nous regarde, tour à tour. Il ne dit rien, et cela m'inquiète, bien que rien dans son attitude ne montre qu'il va nous annoncer une mauvaise nouvelle. Enfin, après avoir laisser le suspense s'installer, il nous sourit.

    -J'ai rencontré quelqu'un. Nous informe-t-il simplement.

    Aussitôt, je souris à mon tour et le prit chaleureusement dans mes bras.

    La vie au début d'une nouvelle ère

     

    *    *    *

     

    La vie au début d'une nouvelle ère

    Damien Mez

     

    Le soleil commence à se coucher, mais je n'y prête que peu attention. Il n'y a pas un bruit. Je suis seul à la maison, et je profite de ce moment de calme pour regarder avec nostalgie une vieille photo qui traine dans mes affaires. Une photo de Mëlys et moi, lorsque nous étions encore au lycée. Avant que je ne la quitte pour fuir avec ma mère et ma sœur. Quand elle était encore en vie, et que rien, absolument rien ne menaçait son existence. Je ne peux m'empêcher de sourire en voyant son visage qui est resté gravé dans ma mémoire. Elle ne s'aimait pas, mais pour moi, elle était la plus belle fille que je n'avais jamais rencontré. Il n'y a pas une journée où je ne pense pas à elle.

    Elle me manque.

    Quand je pense à elle, je ne peux m'empêcher de m'en vouloir. Lorsque je suis revenu, je n'aurais jamais du interférer une nouvelle fois dans sa vie. Si je n'avais pas fait cette bêtise, je ne l'aurais pas mise enceinte et elle serait toujours de ce monde. J'ai provoqué sa chute, et par ma faute, elle n'est plus ici. Je la revois encore le jour de son accouchement, juste après avoir mis au monde notre fils. Elle était incapable d'effectuer le moindre mouvement, et elle était sur le point de mourir. Elle a juste eu le temps de me supplier d'aimer notre fils, et de souffler qu'elle m'aimait. Je me souviens avoir pleurer longtemps avec son corps inerte dans les bras. A ce moment là, j'avais perdu l'amour de ma vie. Parce que je l'avais bêtement mise enceinte, et qu'on ignorait qu'elle était atteinte d'une malformation qui allait la tuer au moment de la naissance de notre enfant. Si elle n'était plus là, c'était entièrement de ma faute. Et jamais je ne pourrai me pardonner d'avoir provoqué sa mort.

    Mais, contrairement à ce qu'elle craignait, je n'en ai jamais voulu à Edward, notre fils. Je lui ai offert tout l'amour que je pouvais lui donner. Je lui racontais tout ce que je savais sur sa mère. Je lui ai même parlé de la bonté de ma sœur, du courage de ma mère. Toutes ces femmes étaient des modèles à suivre, mes modèles, et je voulais qu'il connaisse leur histoire. Mais il n'était que d'une oreille distraite ce que je lui contais, sauf quand je parlais de Mëlys. Il me réclamait régulièrement de nouvelles anecdotes sur elle, et me demandait parfois en quoi il lui ressemblait. J'aimais répondre à toutes ses questions, et je prenais tout le temps nécessaire pour cela. C'était le moyen pour moi d'honorer la mémoire de celle que j'ai toujours aimé, et que j'aimerai toujours malgré que j'ai refait ma vie.

    Lors de mon arrivé sur Alive, j'étais totalement perdu. J'étais seul et mon fils était ma seule famille. J'ignorais où je devais aller, ce que je devais faire. Et puis, je l'ai croisé. Elle était plus jeune que moi et vivait sur Mijabe. A ce moment là, j'ignorais complètement qu'elle faisait partie de la famille royale de la planète cousine de la nôtre. Mais Jacinthe a pris le temps de m'écouter, et de m'aider du mieux qu'elle pouvait, en me guidant vers sa famille qui m'ont toute suite accompagné dans la construction de ma nouvelle vie. J'ai reconnu quelques visages. Ils étaient présents au moment où les parents de Mëlys m'ont laissé leur place dans le vaisseau où le cercueil de Mëlys venait d'y être amené. Ils se sont tous montrés très gentil avec moi, mais cela n'apaisait pas mon chagrin. Après mon installation, Jacinthe venait régulièrement me voir. J'étais trop malheureux et trop seul pour l'envoyer voir ailleurs. Sa présence me réconfortait, bien que j'avais facilement remarqué qu'elle ne ressentait pas qu'une simple compassion à mon égard. Mais je n'ai jamais rien tenté envers elle. C'était trop tôt. Je n'envisageais pas de refaire ma vie à ce moment-là. Je voulais me consacrer à mon fils, et uniquement à lui. Il était la prunelle de mes yeux, bien que je regrette qu'il ne ressemble pas davantage à sa mère, physiquement parlant. Au fil du temps, il a fini par développer un caractère ressemblant au sien, mais les traits de son visage étaient quasiment identiques aux miens et cela me chagrinait.

    Edward avait cinq ans quand j'ai décidé de reprendre ma vie en mains. Quelques jours plus tôt, j'ai vu un type, un parfais inconnu, s'intéresser d'un peu trop près à Jacinthe, et cela m'avait rendu fou de jalousie. Un sentiment qui m'a longtemps perturbé et qui m'a poussé à réfléchir. Je me suis longtemps demandé ce qu'en aurait pensé Mëlys, si elle était déçue ou au contraire heureuse. En fait, je pense qu'elle serait soulagée. Elle aurait voulu que je refasse ma vie, que j'arrive à avancer, sans elle. Alors, c'est ce que j'ai fait. Je suis allé la voir, et je lui ai avoué mes sentiments. Elle m'a accepté comme je suis. Avec mes qualités, mais surtout avec mes défauts, mes blessures. Elle a accepté mes sentiments toujours présent pour Mëlys, les photos que je gardais d'elle, et les histoires que je racontais à Edward. Je dois bien avouer que j'ai eu beaucoup de chance, Jacinthe est une vraie perle. Elle est venue vivre avec nous, et elle a élevé mon fils avec moi, sans jamais chercher à prendre la place de sa mère. Malgré cela, Edward ne l'a jamais vraiment accepté. Il tolère sa présence, mais sans plus. Elle a appris à se contenter du peu qu'il lui offrait. Je lui ai plusieurs fois demandé de faire des efforts, mais il n'a jamais voulu. Encore aujourd'hui, alors qu'il a vingt-deux ans, il ne l'apprécie pas plus que ça, mais il fait avec.

    J'ai mis longtemps avant d'accepter d'avoir un enfant avec elle. Lorsqu'elle me l'a timidement demandé, j'ai tout d'abord refusé. Je connaissais ses origines mixtes, mi-mijabienne mi-majibienne, qui avaient fait tant de ravages chez Mëlys. Je ne voulais prendre aucun risque avec elle. Alors, le plus naturellement du monde, et dans mon dos, elle est allée faire des tests, pour savoir si elle avait la malformation. Quand elle a eu les résultats, elle m'a forcé à les regarder pour constater qu'elle n'avait strictement rien. Avec le temps, elle a fini par réussir à me convaincre, et Timéo est venu se joindre à la famille. Aujourd'hui, il a quatorze ans et me ressemble énormément. Lorsque mes deux fils sont côte à côte, il est difficile d'imaginer qu'ils sont issus de deux mères différentes. Quand Jacinthe est tombée enceinte, j'ai eu peur de la réaction d'Edward, mais il a étonnamment bien accepté son petit frère. Malgré qu'il soit très occupé, il passe beaucoup de temps avec Timéo. Je pense qu'il s'est fait une raison. Jacinthe n'a rien à voir avec lui, mais il a parfaitement conscience que Tim est son frère et il ne peut le rejeter juste parce que sa mère n'est pas la sienne. J'ai toujours traité mes fils de la même manière, et je pense que cela a facilité le processus.

    Aujourd'hui, lorsque je vois Edward qui a quitté la maison depuis quelques temps maintenant, je ne peux m'empêcher d'être fier du travail que j'ai accompli, et je suis persuadé que Mëlys doit l'être également.

    Je n'ai jamais épousé Jacinthe, au grand étonnement de mes proches. Cela fait presque vingt ans que nous sommes ensemble, et je n'ai jamais fait ma demande. Je sais qu'elle en a envie, mais elle ne dit rien. Elle se contente d'attendre comme elle le fait toujours. Je m'en veux d'être ainsi avec elle. Jacinthe est vraiment une femme formidable, et j'ai parfaitement conscience que je dois la faire souffrir d'une certaine manière, sans le vouloir. Elle m'assure que tout va bien, mais je vois bien que ce n'est pas tout à fait le cas. Mais, j'ai toujours considéré que Mëlys était la femme de ma vie, et je me vois mal épouser quelqu'un d'autre. Enfin, je me voyais mal.

    J'ai vu Edward cette après-midi, et lui aussi m'a fait part de sa surprise. J'étais étonné qu'il me parle d'elle, d'habitude, il a tendance à éviter le sujet.

    -Tu devrais l'épouser. Qu'il m'a dit d'ailleurs alors que le serveur venait de nous apporter notre commande.

    -Comment dis-tu ça ? Tu ne l'as jamais porté dans ton cœur, tu es bien le dernier de qui je m'attendais à avoir ce genre de conseil. Lui ai-je fait remarqué.

    -Elle n'est pas ma mère, mais elle est gentille et elle te rend heureux. Maman aurait voulu que tu l'épouses.

    -Je ne sais pas si...

    -Tu as ma bénédiction, Papa. M'a-t-il assuré avec un sourire. Au début, je dois bien avouer que j'avais peur que tu m'abandonnes pour ta nouvelle famille. Mais aujourd'hui, je sais bien que cela n'arrivera jamais. Alors, épouse là. Elle n'attend que ça.

     

    -Damien, est-ce que tout va bien ? Me sort soudainement de mes pensées Jacinthe, qui vient de rentrer en compagnie de Timéo. Ce dernier monte dans sa chambre sans s'inquiéter plus que cela. Il a l'habitude de me voir perdu dans mes pensées et il sait très bien qu'il n'y a rien de grave à cela.

    -Jacy, tu veux m'épouser ? Lui demandai-je alors, le plus naturellement du monde.

    Elle me sourit, puis se penche vers moi pour m'embrasser tendrement.

    La vie au début d'une nouvelle ère

     

    *  *  *

     

    La vie au début d'une nouvelle ère

    Kayden Loez

     

    Adossé contre la barrière de mon balcon, j'admire la vue que j'ai sur le parc des Amoureux. Je sais que Cassey ne va pas tarder à venir me rejoindre. Je souris à cette pensée.

    Cassey... Ma tendre Cassey... Que j'aime comme au premier jour, qui me rend heureux comme il n'est pas possible de l'imaginer. Je ne remercierai jamais assez le ciel de l'avoir mise sur ma route et de m'avoir permis de faire ma vie avec elle. Mes plus belles années, je les ai vécu avec elle. Nous avons eu le plus beau des mariages. Un peu précipité certes, mais un beau mariage. Puis, de merveilleux mois, jusqu'à la naissance de notre premier enfant. Une adorable petite fille, où Cassey s'est réjouie de constater qu'elle avait hérité de mes yeux. Puis, elle a insisté pour l'appeler Ayako, en hommage à cette précieuse alliée qui a donné sa vie pour elle. Je n'ai pas eu le cœur à refuser, et je n'en avais, de toute façon, pas l'intention. Ce nom était porteur d'une histoire et de valeurs. J'espérais qu'il porte chance à notre fille qui nous donnait tant de joie.

    Nos débuts en tant que parents ont été un peu compliqués. Nous avions du mal à gérer notre nouvelle vie dont les bases n'étaient pas encore très solides. Mon oncle a même gardé pendant un temps Ayako chez lui, le temps que Cassey et moi mettions un peu d'ordre dans tout ça. Nous avions discuté pendant des jours, avant d'être sûrs de pouvoir assumer notre rôle de parents et de récupérer notre fille qui nous a terriblement manqué pendant ce temps là.

    Puis, une véritable vie de famille a enfin pu commencer. Nous vivions au jour le jour, profitant de chaque instant. Nous ne pensions pas au futur et nous nous extasions à chaque nouvel exploit de notre fille. Nous étions deux parents émerveillés de voir leur enfant grandir dans la joie et la bonne humeur. Pour moi, Ayako était la plus belle toutes les petites filles, avec ses cheveux blonds et ses grands yeux bleus.

    Mais je n'avais pas envie que d'un seul enfant, et Cassey était dans le même cas que moi. Nous avons essayé un moment avant qu'elle ne tombe enfin enceinte... De jumeaux. Au moment de cette découverte, elle a été terrifiée au début. Mais j'avais confiance en nous, en nos capacités, et c'est dans le calme que Juliet et Chase sont venus rejoindre la famille. Ayako était ravie lorsqu'elle les a vu. Ils n'étaient que deux bébés innocents et inconscients du monde qui les entourait qu'elle les aimait déjà. Et notre vie paisible a repris, sans trop de difficulté... Enfin, jusqu'au jour où un sale type a eu la mauvaise idée d'enlever les jumeaux. Bien qu'Oryx a été détruite depuis des années, nous étions régulièrement sujet à des attaques pour nous rendre vulnérables, famille royale oblige. C'est à ce moment là que le pouvoir d'Ayako s'est déclaré, révélant ainsi sa capacité à localiser n'importe qui sur Alive, en touchant simplement un objet qui lui appartient. Grâce à elle, nous avons pu retrouver avec un immense soulagement son frère et sa sœur, qui allaient parfaitement bien. Nous avons fait plus attention par la suite, mais aucun incident du même genre ne s'est produit. Le pouvoir de ma fille ainée n'était un secret pour personne, et je pense que cela a du en dissuader plus d'un.

    Aujourd'hui, les enfants ont bien grandi. Ayako a quitté la maison, et vit aujourd'hui en colocation avec Lucile et Rosie. Cette dernière, fille de Tiphanie et de Brandon qui ne sont plus ensemble aujourd'hui, n'est cependant pas beaucoup chez elle. Elle profite de sa jeunesse pour voyager, et ne se poser que très peu de temps dans le coin. Ayako s'agace souvent de cela, d'autant plus que Rosie ne prévient jamais de ses allées et venues, ignorant les remontrances de sa colocataire blonde. Ayako a toujours aimé que tout soit correctement en place et elle a toujours eu en horreur les imprévus. Elle passe beaucoup de temps à travailler, et d'un côté, cela me chagrine. J'aimerai qu'elle s'amuse un peu, et qu'elle ne passe pas son temps enfermée chez elle. Mais elle est têtue comme une mule -comme sa mère, mais Cassey s'évertue à penser qu'elle tient cela de moi-, et vit sa vie comme elle l'entend.

    Les jumeaux vivent toujours à la maison, et pour cause, ils sont toujours au lycée. Juliet est tout le contraire de sa sœur, et profite de la moindre occasion pour sortir et s'amuser. Il lui est déjà arrivé de faire le mur pour partir en soirée... Ce qui lui vaut à chaque fois d'être privée de sortie. Mais malheureusement, elle ne retient jamais la leçon, et cela me fatigue. Elle essaie souvent d'entrainer son frère avec elle, mais Chase est quelqu'un de discret, qui préfère rester seul dans son coin. Il n'est pas très bavard, et il n'est pas spécialement à l'aise avec les autres. Bon nombre de ses professeurs se sont inquiétés de son isolement au monde, et nous également. Mais Chase nous assure avec le sourire que tout va bien, que nous avons aucun soucis à nous faire. Il est très heureux ainsi, seul avec pour seule compagnie la musique. Alors, nous tentons de le croire, tout en gardant un œil sur lui et priant qu'il finisse par s'ouvrir aux autres un jour.

    Il m'arrive de penser à Lovely, parfois. Surtout lorsque je sens sa présence, car je sens que d'une certaine manière, elle est dans le coin. Elle veille sur nous. Mon pouvoir a été rendu inactif suite à sa mort, mais une part de moi s'entête à penser qu'elle est toujours là. Je suis triste qu'elle ne soit plus parmi nous, malgré le fait que c'est grâce à elle si nous sommes toujours en vie. Je sais au fond que la mort a été pour elle une délivrance, et j'espère de tout mon cœur qu'elle est heureuse aujourd'hui, peu importe où elle se trouve.

    -A quoi tu penses ? Me sort doucement de mes songes Cassey, tout en me prenant dans ses bras.

    -A tout ce qui nous rend heureux. Lui susurrai-je simplement pour ensuite la serrer contre moi.

    -Je t'aime. Me répond-t-elle avec un tendre sourire.

    -Je t'aime aussi, et pour toujours. Lui murmurai-je, avant de l'embrasser.

    La vie au début d'une nouvelle ère

     

    *  *  *

     

    Je les observe avec le sourire, tandis qu'ils continuent leurs vies avec pleins de rêves et d'espoirs. C'est mieux ainsi. Car c'est comme cela que la vie doit continuer. C'est comme cela qu'ils peuvent être heureux, en faisant des projets et en gardant confiance en l'avenir.

    Les problèmes sont derrière eux, maintenant, ils sont les seuls maîtres de leur destin.

     

     

     


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