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    Par expérience, elle savait qu'il vallait mieux ne pas le contredire au sujet de son père biologique. Elle l'avait fait une fois, il y a trois ans, et Neil avait refusé de lui parler jusqu'au moment où elle lui avait présenté des excuses. A l'époque, elle était plus bornée qu'aujourd'hui, et le silence radio entre les deux adolescents avait duré pendant près d'un mois, d'autant plus que la jeune fille était terriblement vexée d'avoir été rejetée de cette manière. 

    -Tu devrais en parler avec ta mère. Lui conseilla-t-elle sagement, persuadé que s'il le fallait, cela calmerait ses cauchemars qui n'étaient que les reflets de ses craintes.

    -Et l'inquiéter ? Plutôt crever. Marmonna-t-il tout en sortant de la pièce pour rejoindre la chambre dans le but de se changer. Je vais faire un tour, ne t'inquiète pas. Annonça-t-il avant de sortir de l'appartement sans laisser le temps à sa compagne de répliquer quoique ce soit.  

     

     


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    Après s'être chaudement vêtu, Neil sortit rapidement à l'extérieur, pour se balader dans les rues désertes. Il marcha alors longuement sur le trottoir, se perdant dans ses pensées. Sa mère avait déjà essayé de lui parler de son géniteur, alors qu'il était entrain de réviser pour ses futurs examens de Terminale dans sa chambre, qu'il partageait alors avec son petit frère, Connor. Elle s'inquiétait pour lui, et s'étonnait qu'il n'ait jamais posé de question sur Nate. Il s'en souvenait comme si c'était hier, soupirant en visualisant ce souvenir, et cette conversation n'avait abouti sur rien de bon...  

     

     


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    «-Neil, je peux te parler ? Demanda Eileen tout en s'asseyant tranquillement sur le lit de son aîné. Je voudrais te parler de ton père... Lui avoua-t-elle un peu gênée alors que le jeune homme qui quittait doucement mais sûrement l'adolescence se tournait vers elle en souriant.

    -Papa ? Qu'est-ce qu'il a ?

    -Rien, il va bien. Mais je ne parlais pas de Tyler, Neil, mais ton père biologique...

    Un silence s'installa alors. Le sourire de Neil disparut aussitôt et il tourna alors le dos à sa mère, qui devina alors qu'il n'allait pas apprécier la conversation qui suivrait.

    -Il n'y a rien à dire. Souffla-t-il finalement.

    -Il s'agit de ton père Neil. Lui rappela calmement Eileen. Et tu n'as jamais posé de questions sur lui, alors que tu l'as très peu connu... Et... Je... Je t'assure que cela ne me gênerait pas que tu m'en poses, que tu cherches à mieux le connaître. Et Tyler ne t'en voudrait pas non plus si tu souhaitais parler de lui. Au contraire, il comprendrait. Tu sais bien qu'il n'a jamais voulu remplacer Nate...

    -J'en sais suffisamment sur ce type. Et mon père, c'est Tyler, pas Nate. Ça me suffit.

    -Tu en es certain ? Car Nate n'a pas toujours été comme il était à la fin de sa vie tu sais... Cela n'excuse pas tout mais...

    -J'en suis certain. Je m'en fous de ce type. Qu'il reste là où il est, c'est sa place.

    -Bon. En tout cas, si un jour tu souhaites en parler, n'hésite pas une seconde. Ne te préoccupe pas de comment je réagirai, ou comment Tyler réagirait...

    -Cela n'arrivera jamais, Maman. Tout ce que je veux, c'est de ne pas parler de lui justement.

    -Comme tu voudras. Sache juste que Nate t'a réellement aimé, il agissait en bon père avec toi malgré tout. Cela, ne l'oublie jamais Neil, ne l'oublie jamais.»

     

     


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    Du côté d'Emma, l'humeur n'était pas au beau fixe non plus. L'adolescente venait tout juste de sortir, enfin, de l'hôpital et au lieu de réintégrer l'internat du lycée, elle a été accueillie à bras ouverts chez son oncle. Ophélie avait énormément insisté pour cela, acceptant sans le moindre problème de partager sa chambre avec son amie. Pour elle, il valait mieux que la jeune fille se réfugie dans un cadre familier, réconfortant et sécurisant, plutôt que dans un lieu froid et soumis aux regards des autres internes. Ici, personne ne la jugerait ou la regarderait avec pitié, ce qui serait nettement plus bénéfique pour Emma. Et Katryn et Jared étaient d'accord sur ce sujet, si bien qu'ils n'ont pas été très difficiles à convaincre. De ce fait, et depuis sa sortie, l'adolescente se remettait peu à peu de son agression en compagnie de sa famille, et pouvait compter sur le soutien sans faille de la jeune rouquine qui ne la lâchait quasiment pas d'une semelle lorsqu'elle était à la maison. Elle lui racontait ses journées, lui demandait de lui tenir la réplique pour Roméo et Juliet, l'écoutait lorsqu'Emma avait besoin de parler. En bref, Ophélie faisait tout son possible pour aider son amie et lui changer les idées.

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    Et Emma était très touchée des efforts de son amie, alors que dans le même temps, sa prétendue meilleure amie la décevait de plus en plus chaque jour. Et c'était ce qui lui faisait sans doute le plus de mal. Lizzie n'était pas venue la voir depuis sa sortie de l'hôpital, et ne lui donnait même plus signe de vie. Elle comprenait que son père ait des ennuies de santé, mais ce dernier était encore en pleine forme malgré son cancer. Mais elle, elle avait besoin de sa meilleure amie maintenant ! Et pas après la possible guérison de son père ! L'absence de Lizzie dans cette période lui faisait énormément de mal, et elle était souvent la cause de ses nombreuses crises de larmes. Plus le temps passait, plus elle la détestait de ne pas être présente pour elle au moment où elle avait le plus besoin de son aide. Elle ne comprenait pas, et elle lui en voulait terriblement. 

     

     


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    Et son état ne s'améliorait au fil des jours, laissant doucement mais sûrement son allure se dégrader. Elle n'avait plus goût à rien, son existence semblant tellement fade qu'elle n'y voyait plus aucun intérêt. Depuis sa sortie, elle n'avait remis les pieds au lycée qu'une seule fois, sans y retourner depuis. Elle ne supportait pas les regards plein de pitié et de fausse compassion des autres élèves. Tout le monde était au courant de son malheur, et il était impossible pour elle de tenter de reprendre une vie normale. Tout dans cette ville lui rappelait son agression, véritable extension de sa chambre d'hôpital, et il était stupide d'imaginer qu'elle pourrait reprendre le cours de son existence comme si de rien n'était. 

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    Le pire dans tout cela, c'était qu'elle n'avait même pas vu Lizzie durant sa seule journée au lycée. Enfin, pas en face à face, l'adolescente faisant soigneusement attention à l'éviter. Un fait qui blessait terriblement Emma, et augmentait sa colère vis à vis de cette fille qui se disait être sa meilleure amie. Alaric ne s'était guère montré plus brillant. Il était terriblement embarrassé quant à son rôle à jouer, ne sachant pas comment agir envers elle. Il ignorait s'il devait se montrer compatissant, ou si, au contraire, faire comme s'il ne s'était rien passé. Les peu de moments qu'elle avait passé avec lui, il avait fait preuve d'une très grande maladresse. De ce fait, entre cela et l'absence de la jeune Meyers, Emma se sentait terriblement seule dans cette épreuve qu'elle subissait, réalisant peu à peu qu'elle ne pouvait absolument pas compter sur ses amis. 

     

     


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