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     S'il y avait bien une chose qu'Aiden Torwell avait horreur de faire dans le cadre de son travail, c'était bien annoncer les mauvaises nouvelles. Faire face à la détresse de personnes qui lui sont inconnues était déjà difficile, mais lorsqu'il s'agit d'être en face de sa meilleure amie, la tâche s'avérait nettement plus compliqué. 

    D'autant plus que lui aussi, souffrait. Lui non plus ne comprenait pas ce qu'il disait. A ses oreilles aussi, les informations sonnaient fausses. Lui aussi avait du mal à y croire. 

    Mais pourtant, il devait se rendre à l'évidence. Le rapport du médecin légiste était clair. Tout était notifié noir sur blanc. Les résultats étaient certifiées avec une neutralité froide sur des feuilles de papiers, alors qu'ils détruisaient davantage le coeur de Katryn Meteyer.

    -Je... Je suis désolé Kat'... Marmonna Aiden qui ne savait plus quoi dire après la terrible annonce invraisemblable qu'il venait de faire.  

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    -Ce... Ce n'est pas possible Aiden... Ophélie n'a pas pu mettre fin à ses jours... Bredouilla Katryn qui se cramponnait à son époux comme si sa vie en dépendait. La pauvre femme était dans un état déplorable, vêtue de vieux vêtements larges qui ne lui allaient absolument pas, les yeux bouffis et le visage éteint.  

    Jared tentait de soutenir sa femme du mieux qu'il le pouvait, tous les jours un peu plus tard, supportant ses humeurs et son chagrin. Cette fois-là encore, alors qu'une terrible nouvelle venait de s'abattre sur la femme de sa vie, il lui offrit le réconfort de ses bras et leur protection, lui laissant le temps d'assimiler l'information. Il jeta un regard désespéré en direction d'Aiden, le suppliant du regard. Il souhaitait subitement qu'il leur dise qu'il y avait certainement une erreur et que de nouvelles analyses seraient effectuées pour montrer qu'une autre explication était possible. 

    Malheureusement, le jeune homme ne put pas aller dans ce sens. 

    -Il n'y a pas de doute possible Kat'. Le légiste a refait les analyses et le résultat est sans appel. La strangulation n'est pas la cause de la mort. De l'eau a été retrouvé dans ses poumons et les analyses ont révélées des traces d'une grosse dose de relaxants...  

     


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    -Ça ne veut strictement rien dire. Marmonna Katryn qui s'accrochait davantage à Jared. Elle était encore en plein déni, refusant de voir la réalité en face. Réalité qui ne cessait de vouloir s'imposer à elle. Et plus c'était le cas, plus elle se tenait à son mari, comme s'il était sa bouée de sauvetage lui permettant de garder la tête hors de l'eau, évitant ainsi qu'elle se noie à chaque seconde. Ce monstre a très bien pu la forcer à avaler des médocs et la jeter dans la rivière.

    -Kat'... Je ne voulais pas te le dire plus tôt avant d'en être sûr mais... On a retrouvé une boite de médicaments sur un pont, là où Ophélie a probablement sauté. Ton nom est inscrit dessus... Les molécules ont été comparées et il s'agit des mêmes...

    -Tes médicaments pour t'aider à dormir. Comprit soudainement Jared, la gorge nouée. Ophélie a pris tes médicaments pour le sommeil.  

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    -Ce... Ce n'est pas possible... Refusa de croire la jeune femme avant que l'évidence se tenait devant elle. Les larmes commençaient à couler sur ses joues, au fur et à mesure où les informations s'imprégnaient dans son esprit. Les événements commençaient à se reconstituer petit à petit. 

    Ophélie a été enlevée, puis violée par le Chasseur.

    Ophélie a été libérée par le Chasseur, est rentrée chez elle sans un bruit, a pris une boite de médicaments de sa soeur, pour ensuite repartir.

    Ophélie a avalé l'intégralité de la boite. Ophélie a sauté du pont.

    Ophélie est morte.

    Ophélie n'a pas été sauvagement assassiné par le Chasseur. Ophélie s'est tout simplement suicidée.

    -Pourquoi ? Bredouilla Katryn, désespérée, fondant aussitôt en larmes. Le coeur en miettes, s'éparpillant dans les méandres de l'incompréhension. Elle ne comprenait pas. Il n'y avait aucune logique dans cette suite d'événements. Aucune.  Ophélie n'était pas seule. Elle aurait trouvé tout le soutien dont elle avait besoin. Il n'y avait aucune logique dans sons suicide. Aucune. 

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    -Je n'en sais rien Kat'. Je vais essayer de le découvrir, mais je ne sais pas. Je te promets que je vais tout faire pour le découvrir. Murmura Aiden, désespéré, dépassé par les événements. Pour lui non plus, il n'y avait aucune logique dans cette histoire.   

     


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    Tiraillé entre l'envie d'aider son amie et de repartir aussitôt travailler d'arrache pied pour tenter une explication à l'inexplicable, Aiden finit par décider de laisser Katryn aux bons soins de son époux. Par chance, la jeune femme n'était pas toute seule dans cette épreuve, le jeune homme la savait entre de bonnes mains. Jared saurait s'occuper d'elle, ainsi qu'apaiser ses tourments en tentant avec elle de comprendre la suite des événements. C'était un fait qu'Aiden avait de suite remarqué lorsqu'il avait fait sa connaissance : Jared était capable de prendre du recul et d'analyser les choses et les personnes qui l'entouraient. S'il avait bien une personne qui serait capable d'aider Katryn a essayé de comprendre ce qu'il avait bien pu se passer dans la tête de sa sœur, c'était bien lui.  

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    -Pourquoi, Jared ? L'interrogea justement Katryn, en larmes et allongée sur son époux, la tête contre son torse. Peu de temps après le départ de son ami, Jared n'avait pas tardé à encercler sa femme de ses bras afin de lui offrir une bulle protectrice et réconfortante. Après la perte qu'elle a vécu, elle n'avait besoin que d'amour et de se sentir entourée. Aussi longtemps qu'il le faudra, il était prêt à tout pour apaiser les troubles de la femme de sa vie. S'il avait bien une chose dont il avait horreur, c'était de voir des larmes couler sur son visage. Il avait déjà trop vu ce spectacle par le passé, et il craignait de voir les larmes s'ancrer indéfiniment sur ses joues. 

    -Je l'ignore. Soupira-t-il, pensif. Elle n'a peut-être pas supporté ce qu'elle a vécu. 

     -Je l'aurais compris si elle était seule, mais c'était tout sauf son cas, Jared ! Protesta aussitôt Katryn. Qu'Ophélie ait agi par désespoir était inconcevable pour elle. Inacceptable car trop improbable. Elle m'avait moi ! Et elle savait que j'aurais tout donné pour l'aider à surmonter ça, comme je l'ai toujours fait ! Elle avait un petit ami aussi, et pour l'avoir rencontré, je peux t'assurer qu'il ne l'aurait pas lâché d'une semelle ! 

    -Certes, mais on ignore le traumatisme qu'elle a vécu cette nuit-là. Sans compter tout ce que vous avez vécu par le passé chez son père. Tout ça cumulés, c'était peut-être trop pour elle. C'est peut-être dur à comprendre, mais tu n'as jamais été abusée... Pas comme elle. Et même si tu as tout ton possible pour la protéger de son père, il est difficile de savoir les séquelles qu'il lui a laissé. Expliqua alors Jared après un bref instant de réflexion, qui plongea Katryn dans ses pensées. 

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     En effet, l'évocation de son beau-père n'éveilla que des mauvais souvenirs à la jeune femme qui frissonna rien qu'en y repensant. Ce dernier n'avait fait que détruire leur vie, et Katryn avait pris sur elle pour protéger au maximum sa petite sœur. Elle aurait même sacrifié sa vie si cela avait pu la sauver. Et même si elle avait réussi à préserver sa sœur, Katryn ne pouvait qu'admettre que Jared avait raison. Elle ne pouvait pas savoir quels impacts a eu Karl sur Ophélie et ce qu'elle a subi ce soir-là. Et elle ne le saura probablement jamais.

    Aussitôt, Katryn se remit à pleurer. Alors que cette hypothèse devrait la délivrer, elle ne faisait que la dévaster davantage. Jared resserra son étreinte sans poser de questions. Son désarroi devait sortir, il n'y avait pas d'autres moyens pour qu'elle puisse aller mieux.

    -Je lui avais promis que je la protégerais toujours. J'ai trahi ma promesse. Je lui avais dit que je la protégerais... 

    -Et tu l'a fait. Elle ne pouvait juste pas être protégée cette fois-ci... 

     

        

     


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    Le lendemain, Lizzie Meyers avait décidé de profiter du beau temps et de s'octroyer une sortie en ville afin de se changer les idées. Avec le décès de la petite amie de son ami Curtis, sans oublier le cancer de son père, l'adolescente avait envie de sortir prendre l'air. Motivée par cette volonté, elle avait aussitôt appelé son meilleur ami, mais ce dernier partait en week end avec son père. Mais, il lui avait aussitôt proposé de sortir avec Jenna, souhaitant plus que tout que sa meilleure amie et sa petite amie s'entendent toutes les deux. Lizzie avait tout d'abord râlé, pour finalement accepté tout en bougonnant. Alaric l'avait convaincu en lui confiant les crises de jalousie de Jenna et si elle pouvait lui rendre service, Lizzie ne pouvait se résoudre à refuser.  

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    Néanmoins, l'adolescente ne mit pas longtemps à regretter sa bonté d'âme lorsqu'elle rejoignit la jeune fille au centre-ville dans le but d'aller faire du shopping. Jenna n'avait en tête que d'aller dans une boutique de sport, peu importe l'avis de Lizzie, et elle ne cessait de raconter sa vie et de celle de ses camarades de classe. Lizzie avait du mal à suivre son flot de paroles et elle avait fini par abandonner l'idée d'entretenir une véritable conversation avec elle, en lui répondant que par onomatopée pour donner l'impression qu'elle l'écoutait.

    Et puis, pour être honnête, il y avait aussi quelque chose chez Jenna qui déplaisait à l'adolescente, bien qu'elle ne sache pas de quoi il s'agissait exactement. 

     


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     -Il n'y a pas grand chose dans cette boutique. Bougonna subitement Jenna, faisant sursauter Lizzie qui regardait d'un oeil morne les articles du magasin. Il n'y a que des fringues moulantes de ouf. A croire que les mecs qui fabriquent les vêtements pensent que toutes les meufs sont comme toi ! 

    -C'est à dire ? L'interrogea la jeune Meyers, sceptique, se méfiant de la suite des propos de son interlocutrice. 

    -Bah toi tu as trop de la chance ! Avec une petite poitrine comme la tienne, tu peux tout te permettre ! Rien ne fera vulgaire sur toi, la chance ! Alors que moi, le moindre truc trop décolleté ou trop moulant peut faire vulgos' ! T'es trop complexée dis-moi ? Car je connais plein de filles qui complexent sur leurs petits boobs alors qu'elles ont trop de la chance en fait ! 

    Jusqu'à maintenant non... Songea alors Lizzie tout en se mettant à loucher sur sa poitrine, se faisant la réflexion qu'effectivement, mère nature n'avait pas été très généreuse sur ses formes. 

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     Avant que l'adolescente ait eu le temps de lancer un regard noir à Jenna, cette dernière était déjà partie dans une cabine d'essayage après avoir repéré un ensemble pantacourt et veste de sport noir et bleu. 

    Maudite soit cette Jenna, bouillonna intérieurement Lizzie, qui se demandait de plus en plus ce que son meilleur ami pouvait bien trouver chez cette fille insipide, et presque méchante. Et c'était d'ailleurs grâce à son statut "petite amie d'Alaric" que Jenna devait sa survie, sinon Lizzie l'aurait volontier envoyé rôtir en enfer tandis que la demoiselle se pavanait joyeusement dans la boutique avec sa tenue de sport, tout en piaillant à qui voulait l'entendre tout ce qui lui passait par la tête.

    Bon Dieu, qu'il soit clément et qu'il mette un terme au plus vite à ce calvaire...   

     


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